22 janvier 2007
Eldorado
On les appelle "les ombres de massambalo". Elles sillonnent le continent. Du Sénagal au Zaïre. De l'Algérie au Bénin. Elles peuvent revêtir différentes formes : un enfant gardant quelques chèvres sur le bord d'une route. Une vieille femme. Un chauffeur de camion au regard étrange. Ces ombres ne disent rien. C'est à travers elles que Massambalo voit le monde. Il voit ce qu'elles regardent. Il entend ce qu'elles écoutent. A travers elles, il veille sur les centaines de milliers d'hommes qui ont quitté leur terre. Ces ombres sont toujours en route. On ne les voit qu'une fois. Le temps d'une halte. D'un voyage. Le temps de leur demander son chemin ou une cigarette. Elles ne parlent pas. Ne révèlent jamais qui elles sont. C'est au voyageur qui les croise de deviner leur identité. S'il le fait, il doit s'approcher doucement, avec respect, et poser cette simple question : "Massambalo ?" Si l'ombre acquiesce, alors, il peut laisser un cadeau. L'ombre de Massambalo prend l'offrande et la conserve. C'est signe que le périple se passera bien. Que le vieux dieu veillera sur vous.
....
Laurent Gaudé. Eldorado. Actes Sud, 2006.
Un magnifique roman, où l'on parle autrement de l'émigration africaine vers "l'Eldorado" européen.
08:55 Publié dans Le coin des livres | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : vive la vie, littérature, afrique
Commentaires
Merci... Je le note dans les livres à s'empresser de découvrir !
Écrit par : Jane | 22 janvier 2007
Et tu ne seras pas déçue, c'est une valeur sûre. Bien à toi, Jane.
Écrit par : xavier | 29 janvier 2007
Les commentaires sont fermés.