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07 février 2016

Un chouette petit livre à déguster

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Petit Tom au pays de Bleuène

21 septembre 2015

Maillons

[Il] avait l'impression désormais d'être perdu en plein milieu d'un désert de glace. Le monde, son monde, n'était plus qu'une gigantesque machine à produire ds maillons. Des existences fragmentées qui coexistaient sans jamais se rencontrer , sans jamais se comprendre? Plus la science traquait les particules de l'infiniment petit, e plus l'horizon des hommes se bouchait, comme si le temps accélérait son œuvre de morcellement, et précipitait l'espèce humaine dans l'impasse[...]. N'était il donc qu'un chien dont les maîtres, tout là-haut, dans les sphères, tiraient de temps à autres la laisse ?

Perre Bordage, L'évangile du serpent, 2001.

30 mai 2014

La banque... c'est le monstre

C'est là que vous faites erreur... complètement. La banque ce n'est pas la même chose que les hommes. Il se trouve que chaque homme dans une banque hait ce que la banque fait, et cependant la banque le fait. La banque est plus que les hommes, je vous le dis. C'est le monstre. C'est les hommes qui l'ont créé, mais ils sont incapables de le diriger.

John Steinbeck - Les Raisins de la Colère

01 février 2014

Charlotte Delbo

Ce matin tôt, superbe émission, rediffusion de l'émission Nous Autres de Zoé Varier, émission consacrée à Charlotte Delbo, femme extraordinaire, résistante, rescapée d'Auschwitz, qui a écris entre autres Aucun de nous ne reviendra, récit sur les femmes d'Auschwitz, les femmes du convoi du 24 janvier 1943, écrit avec force et poésie. Je ne connaissais pas, j'ai été happé.

01 décembre 2013

Un arbre

Un après-midi d'octobre, surgit un arbre en gloire, dressé au fond d'une prairie, à la lisière d'un bois. Son léger retrait, qui l'isole de la masse des autres arbres comme s'il s'était détaché du troupeau forestier, met en relief sa singularité. Barbara, qui rentre à bicyclette de la gare distante d'une huitaine de kilomètres de la maison, l'aperçoit en atteignant le sommet d'une côte. Vision très brève, éblouissante comme un éclair, elle le perd de vue aussitôt en descendant la côte, le vélo file, suit les méandres de la route. Barbara a beau se tordre le cou, elle ne voit plus l'arbre, ce corps de foudre silencieuse. Mais soudain, à un tournant, elle se trouve près de lui. Il se tient là, immense triangle isocèle très légèrement bancal. Triangle de soleil végétal. C’est un tulipier haut d'une trentaine de mètres, vieux de plus d'un siècle, peut être davantage...

Sylvie Germain. Petites scènes capitales

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26 novembre 2013

Le piton des rêves

Une île pour un séjour de repos et de rêves mais quelque chose sonne faux. La violoniste qui fait partie du voyage, sensible aux moindres sons et ondes sensibles, pressent l'inimaginable. Que recèle cette île dans ses bas-fonds ? Une belle écriture, poésie des mots douceur des images, glissement progressif d'une sérénité artificielle et construite à la révélation des contre-parties infâmes. La fiction pour regarder crûment notre monde en n'oubliant pas sa beauté et la richesse des hommes et des peuples à préserver à tout prix.

A lire !

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Editions La Cheminante


[...] interroger la variation et la continuité, bien plus que les ressemblances et les différences. Voir le monde comme une continuité qui s’enrichit de multiples variations est une façon de bien vivre partout, de garder la curiosité en éveil et de préserver sa propre jeunesse. C’est une aventure extrêmement porteuse qui donne sens à la vie, à l’écriture, à la création, au voyage, à l’amour. Dans ces conditions, nul besoin d’aller très loin : le voyage se fait aussi sur place, avec ceux qui sont tout autour de vous. Encore faut-il être convaincu que chacun mérite que l’on s’intéresse à lui. Encore faut-il savoir écouter et regarder en enlevant les lunettes du jugement perpétuel et en ouvrant ses sens, sans œillères. (Maryvette Balcou, interview dans Culture Chronique

20 novembre 2013

L'Océan

L'Océan. Sa première rencontre avec l'immensité marine lui chavire tous les sens. Il y a un trio vocal : l'eau, le vent, les oiseaux. L'eau massive, convulsée, vert violâtre huileux ; son bruit brutal et mou comme un afflux de sang aux tempes. Le vent feulant, fouaillant cette masse visqueuse, en écharpant la peau qui se couvre d'écume; son odeur violente qui se fait intime à l'instant même où elle la découvre. Les goélands et les mouettes louvoyant autour du port, leurs cris aigres, entre geignement et colère ; leur âpre ostinato.

Sylvie Germain. Petites scènes capitales

30 septembre 2013

La saison de l'ombre

Aux racines de la traite transatlantique, qui en dit long sur l'humanité. Force d'un roman qui montre la façon dont un système fabrique, à l'échelle d'un village et d'un bout de côte africaine, sa propore hiérarchie de salauds, de héros, de témoins silencieux.

La Saison de l'Ombre - Léonora Miliano - Grasset

Article de C Simon, dans Le Mondes des Livres du 27 septembre.

08 janvier 2011

Le paradoxe de la nostalgie

Plus vaste est le temps que nous avons laissé derrière nous, plus irrésistible est la voix qui nous invite au retour. Cette sentence a l'air d'une évidence, et pourtant elle est fausse. L'homme vieillit, la fin approche, chaque moment devient de plus en plus cher et il n'y a plus de temps à perdre avec les souvenirs. Il faut comprendre le paradoxe mathématique de la nostalgie : elle est plus puissante dans la première jeunesse quand le volume de la vie passée est tout à fait insignifiant.

Milan Kundera, L'ignorance. 

25 avril 2010

Yanvalou

Je viens d'un tout petit village. Cela fait partie des choses que j'avais oubliées. Pour un homme qui a gagné longtemps sa vie au jour le jour et qui grimpe tranquillement les barreaux de l'échelle sociale, le souvenir est un luxe, pas une nécessité...

 

Le roman de Lyonel Trouilot, Yanvalou pour Charlie, est un hymne plaidoyer à l'arrêt de l'abandon, à la recomposition du vivre ensemble, dans une société de la misère qui côtoie l'ignorance du confort voire de l'opulence, à Haïti comme ailleurs.

Yanvalou pour Charlie

 

 

... Se tenait devant moi un garçon sale que je voyais pour la première fois, une curiosité venue d'un autre monde, et j'entendais ses silences. J'entrais dans sa tête et je disais ses mots. Je me suis mis à transpirer malgré la climatisation. Pris d'effroi. Comme là-bas, au village, il y a longtemps, quand j'ai rencontré la mort pour la première fois et que j'ai passé trois nuits à attendre qu'elle vienne me chercher. Là-bas, le village, mon père, les vieux joueurs de bézigue, Anne, le petit cimetière. Ce crétin de Charlie, avec sa vie de chien et son histoire de fou, était venu ouvrir la porte du retour.

 

Yanvalou pour Charlie, Lyonel Trouillot, août 2009, Actes Sud


03 novembre 2009

C'est quoi ça ? .... c'est kwasa.

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Le moteur crachote sous la pleine lune. Blottis les uns contre les autres, nous contemplons le ciel. Les étoiles qui scintillent éclairent notre embarcation, comme autant de projecteurs braqués sur nos peaux presque nues…

C'est quoi ça ? Maryvette Balocou

Océan Editions

Sorti le 29 octobre

20 octobre 2009

Le Temps arrêté

Il attendit longtemps, dans le silence, ne bougeant pas. Puis, lentement, il ôta de ses yeux le linge mouillé. Presque plus de lumière dans la pièce. Personne autour de lui. Il se releva, prit sa tunique qui gisait, pliée, sur le sol, la jeta sur ses épaules, sortit de la pièce, traversa la maison, arriva devant sa natte, et se coucha. Il se mit à observer la flamme qui tremblait, ténue, à l'intérieur de la lanterne. Et, avec application, il arrêta le Temps, pendant tout le temps qu'il désira.

Ce ne fut rien, ensuite, d'ouvrir la main, et de voir ce billet. Petit. Quelques idéogrammes dessinés l'un en dessous de l'autre. Encre noire.

Alessandro Baricco. Soie.

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31 mars 2009

La Cheminante

La naissance d’une nouvelle maison dans le paysage éditorial est toujours un bonheur... Et la première signature d'un de ses auteurs à Paris aussi ! Si vous passez par là, je suis sûr que vous ne le regretterez pas.

 

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08 mars 2009

Syngué Sabour

Avec retard j'ai lu et découvert le Goncourt. Syngué Sabour, Pierre de patience. Pierre à laquelle on raconte tout, on dévoile ses pensées et secrets intimes, libération de l'enfoui, de l'enfance à la femme soumise et mère. Mais la Pierre, le synguè sabour, est humain, c'est le mari, blessé immobile yeux ouverts ne parlant plus après une balle reçue en bon guerrier. La femme se libère lui parle laisse couler ses sentiments ressentiments. Entend-il, comprend-il ? Parole d'une femme, temps de guerre. Quelque part en Afghanistan.

8 mars, journée internationale des femmes.

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23 février 2009

L'arbre d'Ebène

... Au pays, avant ta naissance, avant de rencontrer ton père, dans la brousse de chez nous, ma famille n'avait pas de cabane. On vivait entourés de chèvres et de sable. Le désert était notre maison, le ciel, notre toit, les arbustes, notre point de repos. Dans le village le plus proche, il y avait une école vide que les Français ont construite et qui servait de logis aux bêtes. Le village était aussi vide que le désert. Un jour des touristes sont passés dans une grande voiture. Ils avaient tout. Ils mangeaient ce qu'ils voulaient. Une femme est venue vers moi et a voulu me photographier. Je lui ai fait un signe de refus. J'ai tourné la tête et j'ai regardé le désert. Elle m'a tendu un porte-monnaie vide. Et croyant que je ne comprenais pas ce qu'elle disait, elle m'a montré son appareil photo. J'ai pris le porte-monnaie. Elle m'a demandé de sourire en faisant la grimace. Je n'ai pâs souri parce que je ne voulais pas qu'elle me prenne en photo. Elle a dû penser que le porte-monnaie ne suffirait pas pour me prendre en photo alors elle m'a tendu quelques pièces de monnaie. Elle a pris sa photo. J'ai senti que quelque chose partait de moi. Elle m'avait prise sans mon accord, me volant ma présence dans le désert. Je n'ai pas bougé jusqu'à leur départ. C'était si simple pour elle de prendre ce qui ne leur appartenait pas.Ce jour-là, il s'est passé quelque chose d'effroyable. Je ne sais pas combien de temps je suis restée immobile après leur venue, mais en voulant reprendre mon chemin, j'ai aperçu au loin les chèvres de mon père, mortes sur le sable. Et la faim s'est répandue sur notre territoire. Ma mère couchée sous des branchages était en train de mourir de faim avec un bébé dans ses bras. J'ai pris mon petit frère et j'ai marché dans le désert sans savoir quoi faire. Les larmes réconfortent ici, mais là-bas, c'est une perte très grande. L'eau même salée est indispensable pour la survie du corps. Je n'avais pas de seins pour l'allaiter, seulement un porte-monniae avec quelques pièces à l'intérieur ...

 

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L'arbre d'Ebène, Fadéla Hebbadj, éditions BUCHET/CHASTEL, 2008