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14 avril 2015

Eduardo Galeano

C’est dans un cours de soins intensifs, à Buenos Aires, que Rubén Omar Sosa a étudié le cas de Maximiliana, la leçon la plus importante de toutes ses années d’études.

Un professeur a décrit la situation : doña Maximiliana, épuisée après une vie entière passée sans dimanches, était entrée à l’hôpital quelque temps plus tôt et, tous les jours, elle demandait la même chose :

— S’il vous plaît, docteur, pourriez-vous me prendre le pouls ?

Une légère pression des doigts sur le poignet, puis le médecin disait :

— C’est très bon. Soixante-dix-huit. Parfait.

— Ah, merci docteur. Et maintenant, est-ce que vous pourriez me prendre le pouls, s’il vous plaît ?

Et le médecin lui prenait le pouls une fois de plus et lui expliquait à nouveau que tout allait bien, que cela ne pouvait pas aller mieux.

La scène se reproduisait tous les jours. Chaque fois qu’il passait près de la chambre de doña Maximiliana, cette petite voix rauque l’appelait et lui tendait le bras, comme une brindille, encore et encore.

Lui, il obtempérait, parce qu’un bon médecin doit être patient avec ses patients, mais il se disait : Cette vieille est un peu casse-pieds, et il pensait : Il lui manque un boulon.

Ce n’est que des années plus tard qu’il comprit qu’elle demandait seulement que quelqu’un la touche.

 

Petit texte de Eduardo Galeano, poète, conteur, écrivain uruguayen décédé le 13 avril.

(Publié dans Le Monde Diplomatique, décembre 2011)

Commentaires

beau texte, si simple d'un grand bonhomme
Bonjour Xavier, de ma part et de la part de noelle qui ne parvient pas à te laisser un message suite à ton passge....
J'espère que tu vas bien
amicalement
rony

Écrit par : rony | 16 avril 2015

nouvel essai

Écrit par : noelle | 18 avril 2015

essai

Écrit par : xxxx | 18 avril 2015

nouvel essai

Écrit par : xxxxxx | 18 avril 2015

Belle leçon de vie. Contente de te "revoir" Xavier.

Écrit par : Cathy | 22 avril 2015

Les commentaires sont fermés.