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31 juillet 2006

Absence-Présence, épisode 4

La journée du lendemain se déroula sans bruit. Sans fausse note, et sans piment. Journée fade entre un ciel gris et une terre brune alourdie du liquide déversé pendant la nuit. L’intermède que je m’accordais en fin de matinée me permit néanmoins de m’échapper de ma torpeur nouvelle. La marche parmi les sentiers du bord de mer me remplissait de plaisir et de bien-être...

Champs et mer. Étendues végétale et liquide à l’interface mouvante. Lent travail de l’océan tentant de conquérir cette terre féconde qui depuis des siècles avait toujours tenu ses engagements vis à vis de l’homme avide de richesse.Surface aux nuances célestes, tantôt arborant le saphir étincelant, tantôt prolongeant le gris des ardoises du littoral. Surface aux profondeurs insondables, offrant ses richesses aux pêcheurs, largesses et générosité pouvant se métamorphoser en colères engloutissant embarcations et occupants.
Mer féroce, champs féconds.

La délivrance de cette envolée sur le clavier de mon ordinateur me ragaillardit quelque peu au retour de ma tournée tonifiante. Mais je retombai très vite. Incapable de lorgner l’avenir, ni même le passé. J’étais dans un présent glauque et difforme, infini, plat, terne, insipide. Le coup de téléphone de Marie, ma vieille amie de toujours, dans la soirée, ne changea rien à la morosité de l’hébétude qui étreignait mes pensées. Et la soirée s’effilocha dans la même torpeur que la matinée...
La sonnerie du fax ne me laissa pas le loisir de m’enfoncer dans un sommeil plus de recours que réparateur. Les mots sonnaient, limpides et beaux, dans leurs couleurs tintinnabulantes. Je revivais, Je ressentais de nouveau les fibres de mon être s’étirer et s’assouplir. Tout accablement s’envolait en un instant. Le gris du ciel laissait la place à la nitescence de la pleine lune. Le noir de la nuit s’émerveillait brutalement de la myriade d’astres qui enguirlandait le firmament. Le bleu des rideaux apportait de nouveau la douceur à mon oeil aveuglé. Comment avoir pu oublier le bonheur de vivre? Je ne comprenais pas pourquoi j’avais pu m’enfoncer dans un tel abîme, alors que toute la vérité de mon bonheur se rappelait à moi dans ces quelques lignes ayant traversé les quelques milliers de kilomètres qui me séparaient de lui. Je pris un stylo et jetai le flux irréductible de mes pensées sur le papier. Trois pages déversant ce que je n’avais pas osé lui raconter auparavant de peur de lui faire mal. Trois pages me permettant de me retrouver enfin, de sortir de la léthargie dangereuse dans laquelle je m’étais laissée noyer. Les mots venaient sans difficulté, faisant s’écouler sur la feuille le torrent de mes pérégrinations mentales. Quand je m’arrêtai, essoufflée, l’ivresse de vivre avait repris possession de moi. Je me ruai sans plus réfléchir vers l’appareil noir salvateur et envoyai les trois pages. La réponse ne se fit pas beaucoup attendre. Quelques mots seulement, quelques mots qui voulaient me rassurer sur l’effet produit, compréhensifs, partageant la douleur du mal-être, mais criant aussi l’absurdité de l’éloignement. Cruel non-sens de l’absence-présence.
 

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