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29 juillet 2006

Absence-Présence, épisode 3

Le crépuscule s’annonçait déjà quand je levai les yeux, pleine de ce que j’avais lu et dégusté. Les mots s’enchaînaient encore dans ma tête, égrenant la variété des sentiments humains au long de pages miroitantes de folie et de paix, de colère et de beauté, de dénuement et d’avidité, de bêtise et d’humilité. Chants des arbres, beauté bleutée des cours d’eau auxquels s’abreuvent les êtres vivants, paradoxes de l’âme humaine, détour de tourments, bonheur perdu au prix de l’avilissement, hommes et femmes pas plus dotés d’une âme que les animaux, mort partie intégrante et raison d’être de la vie... J’étais toute retournée par la poésie des phrases, l’odeur des lettres, la saveur des descriptions. Comme à chaque texte de cet auteur, j’en ressortais avec l’impression de mieux comprendre enfin le monde humain qui nous entoure. Et cette sensation s’accompagnait d’une sérénité et d’une paix me permettant de me regarder autrement. Le feu dans l’âtre se mourait, je ressentis le frisson de la fraîcheur s’infiltrant dans les interstices de ma peau en même temps que je décidai d’alimenter d’une bûche le foyer. J’envisageai soudainement les choses d’une manière bien différente. Je considérai les décisions prises comme saugrenues, alors même que cela faisait plusieurs semaines que je croyais suivre un chemin tout tracé, de retour vers ce que j’aimais, après les affres de l’éloignement faussement rassurant. Tout à coup, c’est comme si la lucidité de l’absurdité d’un tel raisonnement pointait sa lance acérée,  vrillant avec insistance le taraud du doute dans le coeur même de mes certitudes. J’étais ébranlée sur toute ma base, la sérénité faisait place à la plus tourmentée des tempêtes. Le poids qui commençait à m’alourdir l’estomac était le reflet du combat intérieur qui se livrait, combat dont les tenants et aboutissants, les rounds et les incertitudes, échappaient en grande partie à ma pleine conscience. Cela dura une bonne demi-heure, qui me laissa groggy, te un boxeur ayant dû souffrir les assauts répétés d’un adversaire déchaîné. Mon esprit tentait de se relever, énumérant les meurtrissures invisibles, qui laissaient derrière elles la trace de leur passage sous la forme trompeuse de l’abattement.
 
J’étais maintenant incapable de penser correctement. Me réchauffer les restes de la veille, me restaurer frugalement avant d’aller me coucher furent les seules activités auxquelles je fus capables de m’adonner, en dehors de ma correspondance quotidienne indispensable par fax, qui, je m’en rendais compte tout particulièrement aujourd’hui, était le fil qui me maintenait la tête hors de l’eau...
 

Commentaires

on a l'intime d'une personne et pas son habillage! c'est troublant. la suite demain?

Écrit par : kintana | 29 juillet 2006

Je lirai l'intégralité en rentrant.

Écrit par : Ed | 31 juillet 2006

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