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07 décembre 2013

Nelson Mandela, les chemins inattendus

[....], il est vain d’ériger des frontières, de construire des murs et des enclos, de diviser, classifier, hiérarchiser, de chercher à retrancher de l’humanité celles et ceux que l’on aura rabaissés, que l’on méprise, qui ne nous ressemblent pas, ou avec lesquels nous pensons que nous ne nous entendrons jamais. Il n’y a qu’un seul monde, et nous en sommes tous les cohéritiers, même si les manières de l’habiter ne sont pas les mêmes — d’où justement la réelle pluralité des cultures et des façons de vivre. Le dire ne signifie en rien occulter la brutalité et le cynisme qui caractérisent encore la rencontre des peuples et des nations. C’est simplement rappeler une donnée immédiate, inexorable, dont l’origine se situe sans doute au début des temps modernes : l’irréversible processus d’emmêlement et d’entrelacement des cultures, des peuples et des nations.

Souvent, le désir de différence émerge précisément là où l’on vit le plus intensément une expérience d’exclusion. La proclamation de la différence est alors le langage renversé du désir de reconnaissance et d’inclusion. Pour ceux qui ont subi la domination coloniale ou pour ceux dont la part d’humanité a été volée à un moment donné de l’histoire, le recouvrement de cette part d’humanité passe souvent par la proclamation de la différence. Mais, comme on le voit dans une partie de la critique africaine moderne, celle-ci n’est qu’un moment d’un projet plus large : le projet d’un monde qui vient, d’un monde en avant de nous, dont la destination est universelle ; un monde débarrassé du fardeau de la race, et du ressentiment et du désir de vengeance qu’appelle toute situation de racisme.

Achille Mbembe : Nelson Mandela, les chemins inattendus. Août 2013, Le Monde Diplomatique


Commentaires

Merci Xavier pour ce très beau texte
Et merci pour ton " je me souviens...."
Je t'embrasse

Écrit par : noelle | 07 décembre 2013

Merci Xavier...

Écrit par : cathy | 08 décembre 2013

Oui, je me souviens, Noëlle. Dès l'annonce de sa disparition, ces images et les sensations ont surgi. L'Afrique du sud et son (ses) chemin(s) sont fascinants à découvrir explorer, comprendre. J'ai repris la littérature, en commençant par Doris Lessing, Les Enfants de la Violence. Encore de grands moments de vie simple racontant la complexité et les détours de l'Homme.

Écrit par : xavier | 09 décembre 2013

Les commentaires sont fermés.