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09 décembre 2013

Pluie

Bruit régulier de la pluie gouttes indissociables et joyeuses se fracassant en douce harmonie du ciel chantant la terre avide

Brise coulis caressant les lataniers faisant danser les palmes dans ses subits sursauts

Nuages confus dans l'uniformité grise des cieux joyeuse tristesse des matins pluvieux tropicaux

08 décembre 2013

Une forme d'empathie absolue

Nelson Mandela nous lègue la certitude que, sans cette forme d'empathie absolue – cet effort d'imagination pour se mettre à la place des autres, les marginaux, les pauvres, ceux qui n'ont toujours pas voix au chapitre, qui possèdent le moins –, il ne pourra y avoir aucun changement personnel, social ou politique, et, à coup sûr, aucune justice. Cette partie de l'héritage de Nelson Mandela continuera d'inciter et d'aider les générations futures à ouvrir leur horizon moral, à développer leur sens des responsabilités envers la société.

Où que soit maintenant Nelson Mandela, il s'agit d'un lieu qui se situe au-delà de la gloire et des prix, de la solennité des cérémonies honorifiques, des couloirs de la politique internationale. Loin des nombreuses salves de vingt et un coups de canon et des avions de chasse s'élevant vers le ciel lors de son entrée en fonctions comme premier président élu de l'Afrique du Sud démocratique.

Pour l'heure, je préfère imaginer que son esprit a trouvé le repos. Que sa mémoire s'arrête quelques instants sur une image de lui, un enfant parmi d'autres. En hiver, au milieu des collines dominant le village de Qunu, par-delà le fleuve Kei, à l'intérieur des terres bordées de bleu par l'océan Indien. Avec ses copains, il surveille le bétail et joue dans la douce chaleur du soleil d'hiver. Tout autour d'eux, des aloès illuminent le veld, comme autant de torches enflammées se détachant sur les étendues d'herbe décolorée.

Mark Berh, écrivain

Le Monde du 7 décembre

07 décembre 2013

Nelson Mandela, les chemins inattendus

[....], il est vain d’ériger des frontières, de construire des murs et des enclos, de diviser, classifier, hiérarchiser, de chercher à retrancher de l’humanité celles et ceux que l’on aura rabaissés, que l’on méprise, qui ne nous ressemblent pas, ou avec lesquels nous pensons que nous ne nous entendrons jamais. Il n’y a qu’un seul monde, et nous en sommes tous les cohéritiers, même si les manières de l’habiter ne sont pas les mêmes — d’où justement la réelle pluralité des cultures et des façons de vivre. Le dire ne signifie en rien occulter la brutalité et le cynisme qui caractérisent encore la rencontre des peuples et des nations. C’est simplement rappeler une donnée immédiate, inexorable, dont l’origine se situe sans doute au début des temps modernes : l’irréversible processus d’emmêlement et d’entrelacement des cultures, des peuples et des nations.

Souvent, le désir de différence émerge précisément là où l’on vit le plus intensément une expérience d’exclusion. La proclamation de la différence est alors le langage renversé du désir de reconnaissance et d’inclusion. Pour ceux qui ont subi la domination coloniale ou pour ceux dont la part d’humanité a été volée à un moment donné de l’histoire, le recouvrement de cette part d’humanité passe souvent par la proclamation de la différence. Mais, comme on le voit dans une partie de la critique africaine moderne, celle-ci n’est qu’un moment d’un projet plus large : le projet d’un monde qui vient, d’un monde en avant de nous, dont la destination est universelle ; un monde débarrassé du fardeau de la race, et du ressentiment et du désir de vengeance qu’appelle toute situation de racisme.

Achille Mbembe : Nelson Mandela, les chemins inattendus. Août 2013, Le Monde Diplomatique


06 décembre 2013

A Nelson Mandela

Je me souviens, des pétitions signées il y a déjà bien longtemps alors qu'il était encore à Robben island. Je me souviens de l'embarcadère de Robben island, là où il fut emprisonné quand je n'étais pas plus haut qu'un arbuste qui n'a encore rien vu. Je me souviens de ce 1er voyage en Afrique du Sud tout juste sortie de l'apartheid, je me souviens de ces villages, que dis-je : de ces villes noires, même pas indiquées sur les cartes. Je me souviens de la fête en pleine campagne du Kwazulu Natal liesse et danses zoulou quelques blancs étaient là. Je me souviens de Soweto, de ces visages, de ces enfants croyant en un monde meilleur issu du pire. Je me souviens de l'espoir des uns, je me souviens de la peur et de l'incrédulité des autres.

Il n'est plus, ce combattant pacifiste révolté contre l'intolérable. 

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"Bring Back Nelson Mandela", Hugh Masekela, 1987

« Bring back Nelson Mandela, bring him back home to Soweto ;

I want to see him walking down the streets of South Africa ;

I want to see him hand in hand with Winnie Mandela. »

(« Ramenez-nous Nelson Mandela, ramenez-le chez lui à Soweto ;

Je veux le voir marcher le long des rues d’Afrique du Sud ;

Je veux le voir la main dans la main avec Winnie Mandela. »)

 

01 décembre 2013

Un arbre

Un après-midi d'octobre, surgit un arbre en gloire, dressé au fond d'une prairie, à la lisière d'un bois. Son léger retrait, qui l'isole de la masse des autres arbres comme s'il s'était détaché du troupeau forestier, met en relief sa singularité. Barbara, qui rentre à bicyclette de la gare distante d'une huitaine de kilomètres de la maison, l'aperçoit en atteignant le sommet d'une côte. Vision très brève, éblouissante comme un éclair, elle le perd de vue aussitôt en descendant la côte, le vélo file, suit les méandres de la route. Barbara a beau se tordre le cou, elle ne voit plus l'arbre, ce corps de foudre silencieuse. Mais soudain, à un tournant, elle se trouve près de lui. Il se tient là, immense triangle isocèle très légèrement bancal. Triangle de soleil végétal. C’est un tulipier haut d'une trentaine de mètres, vieux de plus d'un siècle, peut être davantage...

Sylvie Germain. Petites scènes capitales

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