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12 janvier 2008

Politique de civilisation

... Nous savons que l'approfondissement des crises ou l'approche bien visible de catastrophes peuvent susciter prises de conscience et prises de décisions salvatrices. De Tchernobyl à la vache folle, nous ne sommes qu'au début des catastrophes dont tôt ou tard on découvrira les causes ou origines civilisationnelles. La politique de civilisation deviendra alors - clairement - la seule issue pour freiner la machine productiviste/énergivore, remplacer les énergies polluantes par des énergies non polluantes, passer du quantitatif qu qualitatif, produire et consommer moins mais mieux.
La politique de civilisation est une mission de nécessité et d'ampleur historique. Elle doit se développer sur la décennie et se poursuivre au delà. Elle non un "modèle", ni un "projet" de civilisation, mais une voie.
Elle appelle à la fois à la reconquête du présent, à la régénération du passé, à la reconstruction du futur.
Elle permet de ressusciter une espérance concrète. Cette politique de résistance à la nouvelle barbarie porte en elle le principe d'une espérance.
L'ingrédient vital dont nous avons tous besoin - et la politique aussi -, c'est l'espoir. La résurrection de l'espoir n'est pas ici la résurrection de la Grande Promesse., c'est la résurrection d'une possibilité. Ni l'incertitude, ni l'angoisse ne sont supprimées, mais, comme on ne peut supporter l'incertitude et l'angoisse que dans la participation, dans l'amour, dans la fraternité, dans l'action, la politique de civilisation porte en elle l'élan, la participation, l'espérance.
 

E Morin, "Pour une Politique de Civilisation", Ed Arléa, diffusion seuil, mai 2002, pp 78-79