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04 août 2013

Réseaux internet

On est en 2013. Les réseaux internet s'appellent maintenant les réseaux "sociaux". Sociaux, certes, sur un certain point de vue, d'ailleurs les blogueurs que nous sommes ne vont pas le nier. Ils participent à l'évolution des socialisations dans notre monde moderne, mais la question n'est pas là. Avec les révélations sur Prism et autres, la question de la confidentialité et de la défense de l'individu est revenue au devant de la scène, mettant en question la banalisation souvent utilisée par facilité pour ne pas penser aux vieux démons humains prêts à s'insérer partout où les brèches s'ouvrent.

On est en 2013, et on s'émeut, par médias interposés. Pourtant, c'était déjà prédit, voire su et dit. Ci dessous un article du monde de 2008 qui en dit déjà long.

 

La confidentialité des données n'existe pas sur les réseaux sociaux. Le partage d'informations personnelles est même la raison d'être de LinkedIn, Copainsdavant, MySpace, etc. Facebook, la vedette des sites communautaires (70 millions d'utilisateurs revendiqués), a été créé "pour vous faciliter le partage d'information avec vos amis et vos connaissances", souligne d'ailleurs la société californienne. Nom, prénom, courrier électronique, numéro de téléphone, adresse, parcours scolaire, sexe... autant de données réclamées aux nouveaux venus avec l'intention déclarée de les exploiter.

Les responsables de ces sites ne sont pas les seuls à se servir de ces informations que les utilisateurs essaiment sur leurs pages. Début mai, des journalistes de la BBC ont réalisé, sans connaissance en informatique pointue, une application capable de soutirer de nombreux détails sur les profils d'utilisateurs de Facebook : tests, jeux et quiz en tout genre pullulent et se transmettent comme un virus sur ce réseau. Il suffit de glisser au sein de la communauté en ligne un programme malveillant, déguisé en jeu, pour obtenir à l'insu des internautes nombre de leurs données personnelles.

"RISQUE MONTANT"

Déjà en 2007, des spécialistes de la sécurité informatique s'étaient penchés sur les failles des réseaux sociaux. Sur Facebook, les utilisateurs dévoilent des éléments "que la plupart des gens refuseraient de donner à un inconnu dans la rue ou en réponse à un message de spam", soulignait Michel Lanaspèze, directeur marketing de Sophos, spécialiste en sécurité des réseaux. Des données qui peuvent permettre la réalisation de programmes malveillants personnalisés, de deviner des mots de passe ou même d'usurper une identité.

Laisser les cybercriminels piocher dans cette base est "le risque montant", note Bernard Dutreuil, directeur du département "systèmes et moyens de paiement" à la Fédération bancaire française. "Le détournement de l'identité d'un individu, la récupération d'éléments à caractère personnel, serviront aux malfaiteurs à se faire passer pour un autre afin de commettre des délits, des achats avec des moyens de paiement usurpés", précise-t-il.

"La rapidité avec laquelle les réseaux sociaux tels que Facebook ont été adoptés a inévitablement été exploitée par les cybercriminels, désireux d'ajouter le contenu de ces sites à la palette des instruments à leur disposition", constate encore, dans son rapport annuel, Mark Sunner, chef analyste au sein de la société MessageLabs, spécialiste en sécurité Internet.

Les réseaux sociaux seraient donc de véritables mines d'informations personnelles à ciel ouvert. Sur Facebook, les conditions générales précisent que "les utilisateurs postent du contenu à leurs propres risques".

 Le Monde, 8 mai 2008

08 mars 2010

Naufrages : jusqu'à quand

Photo d'archive

Un kwassa-kwassa a fait naufrage sur la barrière de corail de Mayotte, au Sud de Kani-Kéli, dans la nuit de samedi à dimanche. Selon la presse du jour, c'est un pêcheur qui a donné l'alerte alors qu'il venait de sauver cinq rescapés. D'importants moyens ont été déployés par le gendarmerie (deux navires et un hélicoptère), appuyé par la Police aux frontières (un navire), permettant le sauvetage de 24 rescapés sur les 33 personnes qui avaient embarqué. Neuf corps ont ensuite été retrouvés sans vie, quatre femmes et cinq bébés. 

Dix rescapés ont été admis aux urgences et une enquête a été ouverte.

06 mars 2010

Folie machine infernale

Ras le bol des barquettes aux légumes OGM.

Nos enfants se rendent-ils compte que la mondialisation va les détruire.

Après la traite de l'esclavage internet la seconde traite sur la planète. Des familles entières n'ont plus de contact en dehors de skype où va-t-on ?

Ce qui est enclenché à l'échelle planétaire est tout simplement incroyable inimaginable, voyager est devenu une folie pollueuse de gabegie.

Prenez n'importe quel congrès même les humanitaires et regardez ce qu'on sert à manger aux milliers de congressistes qui ont parcouru des milliers de km et dépensé des milliers de tonnes de kérosène.

Nous ne maitrisons plus rien on ne peut pas continuer comme ça mais qui détiens les solutions ?

Nous sommes dépassés par ce que les cerveaux humains ont créé et maintenant la machine tourne d'elle-même jusqu'à sa perte. Il n'y a pas 36 solutions, ça va craquer un jour, d'un seul coup. On n'aide l'Afrique qu'à coups de seringues mal placées et souvent mal intentionnées ou pour nos bonnes consciences.

Et quand je vois en plus des grands professeurs qui râlent parce qu'ils n'ont pas leur nom dans un article de basse classe, je suis out...

Bon je déconnecte mon ordi on va bientôt embarquer et décoller ...

 

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©Jace

17 janvier 2010

Haïti

Bouleversé par ce qui s'y est passé.

Je vous livre quelques passages du témoignage poignant de l'écrivain Dany Laferrière publié dans Le Monde du 16 janvier.

… Dans un premier temps, j'ai pensé que c'était une explosion qui venait des cuisines, puis ensuite j'ai compris qu'il s'agissait d'un tremblement de terre. Je suis aussitôt sorti dans la cour et me suis couché par terre. Il y a eu soixante secondes interminables où j'ai eu l'impression que ça allait non seulement jamais finir, mais que le sol pouvait s'ouvrir. C'est énorme. On a le sentiment que la terre devient une feuille de papier. Il n'y plus de densité, vous ne sentez plus rien, le sol est totalement mou.

.... Un énorme silence est tombé sur la ville. Personne ne bougeait ou presque. Chacun essayait d'imaginer où pouvaient se trouver ses proches. Car lorsque le séisme s'est produit, Port-au-Prince était en plein mouvement. ... Une heure d'éclatement total de la société, d'éparpillement. Entre 15 et 16 heures, vous savez où se trouvent vos proches mais pas à 16h50. L'angoisse était totale. Elle a créé un silence étourdissant qui a duré des heures... [J'ai des nouvelles de ma famille] grâce à mon ami, le romancier Lyonnel Trouillot, admirable. Bien qu'il ait des difficultés pour marcher, il est venu à pied jusqu'à l'hôtel. Nous étions sur le terrain de tennis, il ne nous a pas vus. Il est revenu le lendemain en voiture pour m'emmener chez ma mère. Après quoi, nous sommes passés voir le grand Frankétienne [dramaturge et écrivain], qui avait sa maison fissurée et qui était en larmes. Juste avant le séisme, il répétait le solo d'une de ses pièces de théâtre qui évoque un tremblement de terre à Port-au-Prince. Il m'a dit: "On ne peut plus jouer cette pièce." Je lui ai répondu: "Ne laisse pas tomber, c'est la culture qui nous sauvera. Fais ce que tu sais faire." Ce tremblement de terre est un événement tragique, mais la culture, c'est ce qui structure ce pays. Je l'ai incité à sortir en lui disant que les gens avaient besoin de le voir. Lorsque les repères physiques tombent, il reste les repères humains. Frankétienne, cet immense artiste, est une métaphore de Port-au-Prince. Il fallait qu'il sorte de chez lui.

… Après le temps de silence et d'angoisse, les gens ont commencé à sortir et à s'organiser, à colmater leurs maisons. Car ce qui a sauvé cette ville c'est l'énergie des plus pauvres. Pour aider, pour aller chercher à manger, tous ces gens ont créé une grande énergie dans toute la ville. Ils ont donné l'impression que la ville était vivante. Sans eux, Port-au-Prince serait restée une ville morte, car les gens qui ont de quoi vivre sont restés chez eux pour la plupart.

... Il faut cesser d'employer ce terme de malédiction. C'est un mot insultant qui sous-entend qu'Haïti a fait quelque chose de mal et qu'il le paye. C'est un mot qui ne veut rien dire scientifiquement. On a subi des cyclones, pour des raisons précises, il n'y a pas eu de tremblement de terre d'une telle magnitude depuis deux cents ans. Si c'était une malédiction, alors il faudrait dire aussi que la Californie ou le Japon sont maudits. Passe encore que des télévangélistes américains prétendent que les Haïtiens ont passé un pacte avec le diable, mais pas les médias… Ils feraient mieux de parler de cette énergie incroyable que j'ai vue, de ces hommes et de ces femmes qui, avec courage et dignité, s'entraident. Bien que la ville soit en partie détruite et que l'Etat soit décapité, les gens restent, travaillent et vivent.

... Il y a une autre expression qu'il faudrait cesser d'employer à tort et à travers, c'est celle de pillage. Quand les gens, au péril de leur vie, vont dans les décombres chercher de quoi boire et se nourrir avant que des grues ne viennent tout raser, cela ne s'apparente pas à du pillage mais à de la survie...


14 juillet 2009

Partage

 

De passage Paris une gare café du matin après un voyage éreintant j'attends la camionette qui bouchait mon horizon démarre et s'en va et je les vois en face ils se partagent le trottoir je leur vole une image . . .

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Défifoto

17 juin 2009

Defifoto

Rébellion

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01 mai 2009

Travail ?

par Audace Nimbona

Burundi : la pauvreté banalise le travail des enfants

(Syfia Grands Lacs/Burundi) Au nord du Burundi, la pauvreté contraint beaucoup de jeunes à abandonner l'école pour travailler. Ils sont embauchés dans des familles qui ne leur donnent presque rien en échange de leurs lourdes tâches.

"Je la paie 2 000 Fbu (2 $) par mois, car elle m’a demandé de travailler gratuitement et de lui donner à manger en échange", avoue une enseignante qui a engagé une fillette de 10 ans. L'enfant a abandonné l’école pour subvenir aux besoins de sa famille. Dans le nord du Burundi, bon nombre d'enfants cessent aujourd'hui d'être scolarisés. Ils trouvent facilement à s'embaucher comme personnel de maison parce qu’ils demandent peu en échange. La plupart d'entre eux travaillent uniquement pour être nourris tandis que d'autres perçoivent une somme d’argent souvent inférieure à 5 000 Fbu (5 $) par mois.
Les autorités scolaires s'inquiètent de ce phénomène. "Sur un total de 137 534 élèves inscrits pour l’année scolaire 2008-2009 à Ngozi, 5 752 avaient déjà abandonné à la fin du premier trimestre, s'alarme Albert Nduwimana, inspecteur provincial de l’Enseignement primaire à Ngozi. Mais à notre niveau, nous ne sommes pas en mesure de trouver une solution."
Souvent fonctionnaires, ceux qui les emploient savent pourtant qu’ils sont en infraction par rapport au Code du travail burundais. Les articles 126, 127 et 128 stipulent que les enfants ne peuvent pas être employés avant l’âge de 16 ans sauf pour des travaux légers ou un apprentissage, sous réserve que ces tâches ne nuisent pas à leur santé ou à leur développement moral. Aucune sanction n'est cependant prévue en cas de non-respect de ce code.
Un enseignant qui emploie une jeune domestique de 12 ans estime que ce système est une compensation. "Un fonctionnaire n'est pas suffisamment payé. C’est une chance pour lui de pouvoir engager un travailleur moins cher", explique-t-il. Il ajoute que ces enfants échappent ainsi à la famine. Un employé administratif partage cet avis. Pour lui, ces jeunes employés et leurs patrons sont en parfaite collaboration même si ces derniers savent qu'ils exploitent ces mineurs. "Moi aussi j’ai à mon service un jeune garçon de 13 ans. Il garde mes vaches. Ce sont ses parents qui me l’ont demandé, car ils étaient démunis. Je le verse un salaire mensuel de 3 000 Fbu (3 $) tout en sachant que c'est insuffisant. Mais je lui ai sauvé la vie !", se vante-t-il.

La pauvreté des parents
Les enfants qui cessent de fréquenter l’école le font souvent à l'initiative de leurs parents qui ne sont plus capables de les nourrir. "Quand la fin du mois approche, la famille se réjouit. Ma fille ne va plus à l'école, mais avec ce qu'elle gagne je peux acheter au moins 2 kg de riz", confie Léocadie Nsanzamahoro, 40 ans, venue toucher le salaire de sa fille, domestique à 10 ans. L'enfant gagne 2 500 Fbu (2,5 $) par mois. Mathias B., psychopédagogue déplore cette situation. "Cela s'est généralisé depuis dix ans. La raison majeure en est la pauvreté. La solution serait de conscientiser les parents afin qu’ils laissent leurs enfants étudier, mais comment alors qu'ils crèvent de faim ?", s'interroge-t-il.
Certains enfants décident seuls de stopper leur scolarité. Divine Ndikumana a abandonné l’école à l’insu de sa tutrice. Cette orpheline de 14 ans ne pouvait plus supporter la pauvreté dans laquelle elle vivait. "Je somnolais en classe à cause de la faim. Passer une journée sans manger était monnaie courante. Ma maîtresse me punissait tout le temps et je ne pouvais pas lui parler de ma situation, car je risquais d’être la risée de mes camarades de classe", explique-t-elle. C'est pourquoi elle a choisi de travailler comme domestique, même si elle a bien conscience d'être exploitée.


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16 avril 2009

Let's go to cuba

Une question est sur toutes les lèvres dans la plus grande île des Caraïbes. "Que se passera-t-il quand les Américains nés aux Etats-Unis pourront venir faire du tourisme à Cuba et qu'ils envahiront les villes de l'île ?" Car si le gouvernement de Barack Obama met réellement fin aux restrictions sur les voyages de ses ressortissants à Cuba, le pays pourrait recevoir, dès la première année, au minimum 1,5 million de touristes américains. "Quelles seront les conséquences sur la société cubaine ? ; La pureté de la Révolution s'en trouvera-t-elle affectée ? ; Les bénéfices l'emporteront-ils sur les problèmes ?" Autant de questions qui ne trouvent pas de réponse, pas plus dans les couloirs du Palais de la révolution qu'à la direction du Parti communiste cubain (PCC), moins encore dans les rues de La Havane.

Courrier international, 9 avril

05 avril 2009

Dérive de l'hôpital

L'hôpital public est en dérive, situation induite par l'évolution en sourdine des dispositions depuis l'avènement du gouvernement actuel. Est il encore permis de ne pas être inquiet, devant une évolution qui ne pêut que s'aggaver avec le passage de la loi HPST, dont on fait si peu de cas actuellement, mais qui est un signe important de dérive de la société publique et de l'aggravation des inégalités. Nous dérivons, nous régressons, il faut résister continuer malgré tout.

Ci dessous le point de vue d'un médecin hospitalier (Christophe Trivalle, hôpital Paul-Brousse) qui rend bien compte de la situation .

Pendant longtemps, le travail des médecins à l’hôpital a consisté à soigner les malades de leur mieux, à faire de l’enseignement pour les jeunes médecins et soignants, et un peu de recherche lorsque c’était possible. Depuis les années 2002-2003, les choses ont changé. On a arrêté de parler de malades, pour ne plus penser qu’en termes d’activité, d’objectifs, d’efficience, d’indices de performance.
Avec le nouveau projet "Hôpital, patients, santé et territoires" (HPST) et le regroupement des hôpitaux, il n’est question que de
"maîtrise des coûts de production" et de "positionnement face à la concurrence", comme si la santé pouvait se négocier en parts de marché. Il n’est plus jamais question des malades ni de la qualité des soins. Notre travail n’est plus de soigner mais de remplir des lits ! Les médecins sont devenus des gestionnaires qui doivent rentabiliser au mieux chaque malade.
Comment est-on passé de l’hôpital "service public" à l’"hôpital entreprise" ? La réponse est simple : en appliquant au système de santé français les méthodes utilisées en Amérique du Nord depuis les années 1980, et en particulier la tarification à l’activité (T2A), qui a entraîné un changement majeur dans le fonctionnement de l’hôpital. A chaque pathologie correspond un code qui permet de regrouper les patients par un logiciel en
"groupes homogènes de séjours (GHS)". A chaque GHS correspondent une durée "idéale" de séjour et une tarification. Un séjour trop court ou trop long équivaut à une perte financière pour le service, car l’hôpital est payé après la sortie du malade en fonction des codages.
Ce système est responsable depuis sa mise en place d’une multiplication des séjours, d’une incitation au tri des malades et d’un transfert trop rapide en soins de suite alors que le diagnostic n’est pas fait et le malade toujours instable. Malgré les dangers de ce système dénoncés par de nombreux médecins, le financement des hôpitaux est quand même passé en 100 % T2A en janvier 2008, sans qu’il y ait jamais eu d’étude sur les conséquences que cette course à l’activité pourrait avoir pour le service public. Dans un avenir proche, la T2A devrait aussi concerner, en plus du court séjour, les soins de suite et la psychiatrie.
Pourtant, les dérives de ce type de tarification ont bien été signalées. Ainsi, dans un avis du Comité national d’éthique du 7 novembre 2007, il est noté que la situation de l’hôpital
"a pour conséquence de déboucher sur un primat absolu donné à la rentabilité économique, au lieu de continuer à lui conférer une dimension sociale". Et que la T2A "s’adapte mal à la prise en charge des maladies chroniques, des soins de suite, des soins palliatifs, des personnes âgées ou des enfants malades, ou encore à la reconnaissance des actions de prévention, car elle ne prend pas en compte le temps passé auprès du malade pour l’écoute et l’examen clinique approfondi". De même, le rapport du député UMP André Flajolet d’avril 2008 signale que la T2A a aggravé les inégalités de santé avec "un risque de dérive de l’activité dans les hôpitaux au regard des besoins réels de santé de la population et des personnes les plus fragiles".
L’exemple le plus absurde de l’utilisation de la tarification à l’activité est son application aux soins palliatifs, dont la spécificité de la prise en charge est que la durée de séjour et le volume de soins nécessaires sont très hétérogènes. Du fait de la T2A, les unités de soins palliatifs sont obligées de trier les malades pour ne prendre que ceux dont l’espérance de vie est supposée être supérieure à 2 jours et inférieure à 35 jours ! Tous les autres sont refusés. Pour faire face à ce système absurde, ces services sont obligés de transférer ces malades en fin de vie dans un autre service avant de les reprendre !
Selon Martine Aoustin (directrice de la mission T2A au ministère de la santé) une nouvelle classification est en cours d’élaboration, qui
"devrait en partie améliorer la situation". Mais en toute logique, en ce qui concerne les soins palliatifs, il ne devrait pas y avoir de tarification à l’activité ni de durée minimum ou maximum de séjour. En effet, comment peut-on à la fois promouvoir les soins palliatifs et permettre leur tarification à l’activité ? L’absurdité du système a encore été aggravée par la mise en place des pôles et des chefs de pôle. Ces "supermandarins" sont plus des chefs d’entreprise que des médecins. Avec la délégation de gestion, ils doivent s’occuper de tout et faire des choix : quelles chambres vont être repeintes cette année ? Peut-on remplacer l’appareil à ECG qui ne fonctionne plus, ou faut-il acheter des appareils à tension ? Quels postes faut-il supprimer pour répondre aux plans d’économie ?
On voit bien les dangers d’un tel système : si les dépenses ne peuvent que progresser chaque année, les recettes ne peuvent augmenter qu’en faisant de plus en plus d’activité. On en arrive à sélectionner les activités rentables et à trier les malades. Le système ne fonctionne plus sur des critères médicaux, mais sur des critères économiques. Même les présidents des comités consultatifs médicaux de l’APHP, qui ont pourtant soutenu la mise en place de cette nouvelle "gouvernance", ont fini par s’en rendre compte, et ont envoyé en novembre 2008 une lettre ouverte à Mme Bachelot :
"La place n’est plus aux réorganisations et regroupements médicalement utiles et intelligents, aux investissements sur des projets prometteurs, la place est aux économies à court terme et à tout prix, soumises à une vision financière la plus drastique qui soit".
Par ailleurs, la T2A est un système faussement libéral, car c’est un système bloqué : lorsque les volumes globaux d’activité augmentent plus que prévu, les tarifs baissent ! Au final, tout le monde est perdant, ceux qui ne font pas assez d’activité et ceux qui en font plus que prévu. Avec la tarification à l’activité, l’hôpital est en train de devenir fou : d’un côté, il doit exploiter les séjours avec un codage le plus rentable possible, de l’autre la Sécurité sociale multiplie les contrôles pour essayer de payer le moins possible en revoyant à la baisse tous les codages ! Les seuls emplois créés sont des postes de codeurs à l’hôpital et d’inspecteurs à la Sécu, alors que l’hôpital manque de soignants auprès des malades. Il est urgent d’arrêter ce processus, de supprimer la T2A ou, à défaut, de la repasser à 50 % en la réservant au court séjour médical et à la chirurgie.

Sauver l'hôpital public

19 mars 2009

La Vague

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Est il encore possible de virer vers un régime totalitaire ? Bien sûr et bien naïf celui qui croirait en la disparition de ce risque majeur inhérent à toute société humaine. Ce film allemand de Dennis Gansen décortique avec brio la mécanique autocratique et les rouages de l'entrainement des individus et des foules. Film édifiant qui nous rappelle à la vigilance dans une société dont les écarts se creusent.

14 mars 2009

Amplification médiatique

Une des caractéristiques de nos temps modernes est l'amplification médiatique créée à partir d'un évènement. Certes il est bon que les choses soient dires, que l'on soit informé, que les choses qui se passent puissent être portées à la Connaissance. Mais... Ne doit on vraiment ne mettre en valeur que les évènements qui se vendent ? Doit on continuer à favoriser une sélection des évènements sur une base quelque peu orientée par le besoin de consommation, par la nécessité de production ? Et surtout, continuer à contribuer à la surenchère amenant à la violence ? Il faut que les choses soient dites, il faut que les aberrations soient sues, soient discutées. Il faut faire réellement arrêter la régression, l'évolution vers l'accroissement des inégalités. Mais avec quels moyens ? Est ce constructif ? Pourquoi doit on en arriver à de telles contradictions ?

http://www.lemonde.fr/societe/portfolio/2009/03/10/une-ma...

23 février 2009

L'arbre d'Ebène

... Au pays, avant ta naissance, avant de rencontrer ton père, dans la brousse de chez nous, ma famille n'avait pas de cabane. On vivait entourés de chèvres et de sable. Le désert était notre maison, le ciel, notre toit, les arbustes, notre point de repos. Dans le village le plus proche, il y avait une école vide que les Français ont construite et qui servait de logis aux bêtes. Le village était aussi vide que le désert. Un jour des touristes sont passés dans une grande voiture. Ils avaient tout. Ils mangeaient ce qu'ils voulaient. Une femme est venue vers moi et a voulu me photographier. Je lui ai fait un signe de refus. J'ai tourné la tête et j'ai regardé le désert. Elle m'a tendu un porte-monnaie vide. Et croyant que je ne comprenais pas ce qu'elle disait, elle m'a montré son appareil photo. J'ai pris le porte-monnaie. Elle m'a demandé de sourire en faisant la grimace. Je n'ai pâs souri parce que je ne voulais pas qu'elle me prenne en photo. Elle a dû penser que le porte-monnaie ne suffirait pas pour me prendre en photo alors elle m'a tendu quelques pièces de monnaie. Elle a pris sa photo. J'ai senti que quelque chose partait de moi. Elle m'avait prise sans mon accord, me volant ma présence dans le désert. Je n'ai pas bougé jusqu'à leur départ. C'était si simple pour elle de prendre ce qui ne leur appartenait pas.Ce jour-là, il s'est passé quelque chose d'effroyable. Je ne sais pas combien de temps je suis restée immobile après leur venue, mais en voulant reprendre mon chemin, j'ai aperçu au loin les chèvres de mon père, mortes sur le sable. Et la faim s'est répandue sur notre territoire. Ma mère couchée sous des branchages était en train de mourir de faim avec un bébé dans ses bras. J'ai pris mon petit frère et j'ai marché dans le désert sans savoir quoi faire. Les larmes réconfortent ici, mais là-bas, c'est une perte très grande. L'eau même salée est indispensable pour la survie du corps. Je n'avais pas de seins pour l'allaiter, seulement un porte-monniae avec quelques pièces à l'intérieur ...

 

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L'arbre d'Ebène, Fadéla Hebbadj, éditions BUCHET/CHASTEL, 2008

18 février 2009

Un accès au soin égal pour tous ?

Aujourd’hui, le projet Hôpital, Patient, Santé, Territoire est présenté aux députés. Il fait partie d’un plan pour réduire la part de l’hospitalisation publique en France afin de diminuer l’engagement de l’Etat dans la prise en charge des besoins de santé.

Pour forcer les hôpitaux à se restructurer, c’est-à-dire à fermer de nombreux services de spécialité, l’Etat utilise des pressions financières et met en place une réforme profonde du fonctionnement de l’hôpital.

Dans un premier temps, l’Etat commence par supprimer le budget global et demande aux hôpitaux de régler la note. Instantanément, 90% des hôpitaux se retrouvent en déficit. Soulignons que le montant de la totalité du déficit de tous les hôpitaux français en 2007 était équivalent à celui de l’argent versé par l’Etat à Bernard Tapie, au terme de la procédure d’arbitrage concernant le Crédit Lyonnais (350 millions d’euros).

Dans un deuxième temps, à partir de 2008, l’Etat applique à 100% le nouveau mode de financement, la tarification à l’activité, alors que dans les autres pays d’Europe, la part de la tarification à l’activité ne dépasse jamais 50% du budget hospitalier. Le passage à la tarification à l’activité entraînera une baisse de 30% des recettes des hôpitaux. Le déficit des hôpitaux va s’accroître.

Puis, l’Etat impose aux hôpitaux d être tous à l’équilibre budgétaire d’ici 2012. Les hôpitaux n’auront comme solution que de diminuer les dépenses de personnel qui représentent 70% de leur budget. Pour arriver à l’objectif fixé par l’Etat, il faudra supprimer 20 000 emplois dans les hôpitaux français. Cette suppression d’emplois entraînera la fermeture de nombreux services puisqu’il faut des soignants pour soigner.

Le projet HPST arrive à point nommé avec la restructuration en communauté hospitalière et en groupement sanitaire pour faire croire aux Français que l’offre de soins sera équivalente. Avec les communautés hospitalières de territoire, (plusieurs hôpitaux de différentes villes) le patient n’aura pas forcément accès à toutes les spécialités dans l’hôpital de sa ville. Il devra faire des Km pour aller les chercher dans d’autres villes.

Avec les groupements sanitaires, (regroupant hôpitaux, cliniques et médecins libéraux) certaines spécialités n’existeront plus qu’en privé. Le patient ne sera plus sûr de pouvoir accéder à des consultations et des interventions sans dépassements d’honoraires pour toutes les spécialités. Il ne sera plus assuré de ne pas faire l’avance des frais.

Avec la mise en place du directoire à la tête de chaque hôpital et la transformation du Conseil d’administration en conseil de surveillance, tous les pouvoirs sont confiés au directeur. Face au pouvoir gestionnaire, il n’y a plus aucun contre pouvoir : - ni médical : Or les médecins hospitaliers ont eu, jusqu’à présent, pour principe fondamental d’assurer la qualité des soins pour tous les patients, sans discrimination, et donc sans trier les patients selon qu’ils rapportent de l’argent à l’hôpital ou non. -ni des Elus : Or, les élus locaux sont très attachés à garantir l’égal accès à des soins de qualité pour la population locale. Ce projet de loi fait sauter deux verrous de protection de la santé des citoyens français.

En réalité, la fermeture de nombreux services de spécialité à l’hôpital aboutira à une importante diminution des lits d’hospitalisation et des consultations de spécialistes. Comme en Angleterre, les Français devront attendre des mois pour se faire soigner. Comme aux Etats-Unis, certains renonceront à se soigner, faute de moyens financiers, laissant leur pathologie s’aggraver et entraîner des complications qui seront beaucoup plus coûteuses, à terme, non seulement en soins, mais aussi en incapacités de travail, transitoires ou définitives.

Dans son discours du 17 avril 2008 à Neufchâteau, le Président de la République explicite très bien l’hôpital qu’il prépare pour les Français : « J’appelle l’hôpital à faire ce double mouvement : recentrage sur […] la phase aigue de la maladie (c.a.d les urgences ndlr) et reconversion vers la prise en charge du grand âge et de la dépendance. »

Ce projet s’oppose à l’un des principes fondateurs de la Sécurité Sociale : l’égal accès aux soins pour tous. Ce que l’Etat Français a fait au sortir de la deuxième guerre mondiale, alors que ses finances étaient exsangues, il devrait y renoncer en 2009, au nom de la prétendue valeur "rentabilité" ?

Une guerre idéologique oppose les quantificateurs, avec leur prétention croissante à régenter l’existence humaine dans tous ses aspects, et ceux qui ne plient pas devant la dictature des nombres. "Le fanatisme du chiffre, ce n’est pas la science, c’en est la grimace.(Jacques Alain Miller)"

 

Note de Béatrice Villamot publié dans Pratiques

12 février 2009

Enfants-soldats

Enfants soldats hier, policiers aujourd’hui : (Syfia Grands Lacs/Rd Congo) A Beni dans le Nord-Kivu, plus de 200 ex-enfants soldats qui ont combattu dans les rangs des miliciens maï-maï sont aujourd'hui policiers. Peu formés à assumer leur tâche et pour la plupart sans salaire, ils vivent de petites primes … et sont très déçus.

Un ancien enfant soldat rassemble les jeunes en perdition : (Syfia Grands Lacs/Rwanda) Nizeyimana Seleman, enfant soldat (kadogo), lors du génocide rwandais de 1994, récupère aujourd'hui les jeunes perdus comme lui l'a été. Après avoir repris ses études, il a créé pour eux un centre de formation aux métiers.

D'un centre à l'autre, la démobilisation sans fin d'ex-enfants soldats : (Syfia Grands Lacs/Rd Congo) Ils ont combattu à l'Est de la Rd Congo, puis ils ont été démobilisés à l'Ouest. Actuellement ils sont à Kinshasa, puis iront dans d'autres centres. Ballottés sans fin, une centaine d'enfants soldats, n'en peuvent plus de vivre loin de chez eux. Parfois la révolte gronde.

Sud-Kivu : la parole à Murhabazi Namegabe, rééducateur d’ex-enfants soldats. (Syfia Grands Lacs/RD Congo) Depuis 14 ans, Murhabazi Namegabe travaille sans relâche, au sein du Bureau du service volontaire pour les enfants et la santé (BVES), à réintégrer les enfants-soldats dans la société. Une tâche immense que de convaincre les commandants militaires de les relâcher et de redonner le goût d'une vie normale à ces jeunes traumatisés, surtout les filles. Témoignage.

 

25 janvier 2009

Guerre toujours

Nord-Kivu

Le temps est chaud. Sur la rue président de la République, au centre-ville de Butembo (320 km au nord de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu), une file de gens se forme devant l’enclos en bois de quinquina qui abrite le bureau de la Mission d’aide aux déplacés (MAD), une petite ONG locale. Dans la petite cour, une centaine de déplacés de guerre, pauvrement vêtus, sont assis la plupart à même le sol, l’air hagard. Ils viennent ici se faire identifier pour obtenir, au bout d’une procédure harassante passée sous un soleil de plomb, un petit jeton qui devrait leur donner droit à l’aide humanitaire.[...] Chaque déplacé de guerre a son histoire. Ils racontent avoir été témoins et victimes des pires sévices aussi bien de la part des rebelles du CNDP de Laurent Nkunda que des soldats de l’armée gouvernementale (FARDC). "Ils ont égorgé le fils de mon voisin à la machette, très froidement…", raconte Georgette Bizeimana, qui comme de nombreux déplacés ne sont pas prêts à regagner leurs milieux d’origine, aussi longtemps que la paix n’est pas revenue.[...]

En attendant, les autorités locales ont mis en place une cellule de crise. Elle collecte auprès des habitants vivres et autres produits à redistribuer aux déplacés. Quelques tonnes d’aide ont déjà été données de bon cœur : des sacs de haricots et de pommes de terre, ainsi que des vêtements. Au seul marché central de la ville, près d’une tonne de vivres ont été récoltés en trois jours. "Nous sommes un peuple solidaire", clame le maire intérimaire de Butembo, Godefroid Matimbya.
Cet élan de solidarité est encore plus perceptible dans les quartiers de la ville où des familles acceptent d’héberger chez elles des déplacés, parfois dans un coin de cuisine. D’autres sont logés dans des chantiers inachevés, dans des écoles. A Rwenda, des familles passent la nuit à l'école primaire avant de laisser la place le matin aux élèves.

Nord-Kivu : l'aide discrète et efficace des habitants aux déplacés (Syfia Grand Lacs/Rd Congo 27/11/2008)

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