12 mars 2010
Frustration
Judex était resté avec le mystère entier, et surtout la frustration. Frustration alors que des années durant il n’avait eu aucun contact avec quelque écrit qui soit, aucun désir d’assouvir une soif qui n’existait pas. Son appétit était né de savoir cette mine à proximité à disposition. Cette réelle fringale, ce besoin inextinguible ne pouvaient être désormais apaisés, même si leurs objets étaient devenus de nouveau inaccessibles. Il ne s’agissait pourtant pas de concupiscence ou de cupidité, il le savait, et s’acharner à retrouver les livres disparus était pour lui une saine litanie.
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27 novembre 2009
Lavergne
Lavergne exerçait sans l’avoir vraiment voulu plusieurs rôles pour le village : conseiller dans les diverses décisions prises en commun ou dans les litiges inévitables entravant la vie de la petite société ; expert technique qui avait permis au village de pouvoir bénéficier de nouveau de quelques conforts et aménagements ; mais aussi confident indispensable et discret pour beaucoup d’entre eux. Judex le suivait sur le chemin tracé parmi les tamarins. Il tournait et retournait dans sa tête les divers épisodes des jours passés. Il se rendait compte maintenant de l’inhabituelle activité fébrile qui avait été celle de Lavergne les jours précédents, activité accompagnée d’un certain repli sur lui-même, lui qui d’habitude était si expansif, repli dont il n’était sorti que pour parler du volcan. C’est la veille, alors que le village s’était rassemblé pour le départ des “explorateurs”, que le vieux lui avait glissé en secret un petit papier lui demandant de venir le rejoindre dans la journée du lendemain à son repère...
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12 janvier 2009
Soir mâlin
Soir mâlin chaleur qui s'estompe souffle léger enfin rafraichissant pluie du crépuscule escadrilles de femelles moustiques avides de chevilles tendres esprit qui voudrait s'échapper feuillages qui s'agitent arbre du voyageur palmier bouteille au loin des moteurs poussant sur la colline quelques abois un margouillat qui gloglotte derrière un cadre le clavier continue à vibrer sous les doigts concentrés projet presque à point inquiétude il faut que ça marche temps donné temps passé temps suspendu souci du travail bien fait secondes minutes heures jours nuits mois semaines samedis dimanches murmures du silence chaque son entité disctincte quelles vies derrière ces bruits clarté tintinabulante de la pénombre écriture du monde chaleur mâline esprit tendu réflexions en émoi constructions de la pensée il ne pleut plus plus un souffle pesanteur de l'air soir estompé pleine lune moite spirale envoûtante l'air ne bouge plus j'écris je vibre je vis.
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22 décembre 2008
Mme Arside
La vieille femme exhalait encore une fraîcheur et un dynamisme hors du commun. Elle était arrivée en sautillant, supportant le lourd fardeau que constituaient deux jarres remplies d’eau, complétées par un panier rempli de fruits posé sur sa tête. Elle affichait une maigreur qui pourtant n’entravait pas l’aspect extérieur de robustesse qu’elle donnait. Elle posa les récipients et le panier dans un coin, lança un bref bonjour aux jeunes gens, avant de leur servir de quoi se désaltérer. Tous trois s’échangèrent les dernières nouvelle et parlèrent d’Amilcar et de son départ pendant un bon moment. Madame Arside aimait les visites que ce dernier lui faisait épisodiquement, seul ou accompagné de sa soeur ou de Judex. Les discussions avançaient toujours autour des livres anciens, et la vieille femme avait toujours été étonnée des connaissances littéraires de ce jeune africain d’origine, de sa mémoire des textes et des auteurs du siècle précédent. Elle se demandait ce que ce jeune passionné pouvait bien aller chercher dans les méandres des résidus de la civilisation post-moderne. Elle exposa ses théories à Rose-Améline, en tentant de convaincre la jeune fille de ne pas se morfondre au sujet de cet éloignement, qui ne serait, elle en était sûre, que provisoire. Pour sûr, Amilcar était parti chercher la trace des livres dans les seuls endroits où il avait encore une chance d’en trouver...
La matinée avançait, et les deux jeunes durent prendre congé s’ils voulaient être de retour avant la tombée de la nuit. Ils sortirent les provisions destinées aux deux occupants isolés de l’ilet, en échange des fruits collectés pour eux par Madame Arside, puis reprirent le chemin de Bras Sec, où ils pourraient se réapprovisionner en matériels, consommables, et ingrédients divers en échange des quelques kilos de légumes qu’ils transportaient. Ils auraient peut-être aussi des nouvelles du monde extérieur, qui ne représentait plus pour eux qu’une menace potentielle, même s’il continuait à leur procurer quelques éléments de facilité et de confort, bien que ceux-ci soient de plus en plus difficiles à trouver...
L'épisode précédent ? ---> Dieudonné Arside
L'épisode suivant ? ---> Scène de vie
Le début ? ---> Terres du passé
Cirque de Mafate, La Réunion, juillet 2003
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09 septembre 2008
Dieudonné Arside
Judex et Rose-Améline sursautèrent simultanément quand surgirent soudainement à leur côté une marée de mouvements désordonnés issus d’un être dont l’apparence humaine était évidente, malgré l’incongruité première de son comportement spontané. Les bras s’élançaient par saccades vers l’avant ou latéralement, décrivant d’amples mouvements dont il semblait que le but premier était de montrer un point éloigné dans le ciel ou à l’horizon, ou de se protéger d’un ennemi attaquant par surprise. Amples mouvements s’accélérant puis se freinant tout aussi rapidement, accompagnés, sans aucune coordination, par ceux de jambes dont la fonction restait pourtant de soutenir celui à qui elles appartenaient, et même de lui permettre la fonction de mobilité par la marche, si on pouvait appeler marche ce qui ressemblait plus à une danse ou un rituel étrange.
Il s’agissait bien entendu de Dieudonné, le fils de madame Arside. Son visage se lançait maintenant dans une succession de contorsions qui rappelaient à Judex les descriptions de Quasimodo. Les lèvres s’avançaient puis reculaient, s’ouvraient avec parcimonie pour laisser passer des sons aigus accompagnés de sourires. Dieudonné parlait, souhaitait la bienvenue aux visiteurs. Son corps s’était calmé, et ne lançait plus que quelques soubresauts incontrôlés. Les deux arrivants le remercièrent puis se dirigèrent vers la case et s’installèrent dans l’une des deux uniques pièces pour attendre Madame Arside que Dieudonné était allé chercher au poulailler.
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29 juin 2008
Hébétude
Avec lui la fraicheur s'est installée
Hébétude lente torpeur de l'esprit
De paresse douce je me suis épris
L'aiguillonante ferveur s'en est allée
La lassitude a fait son travail de sape
Chants des insectes rythme insolent
Vrombissement de la ville agression
Je ne sais pas je ne sais plus guère
Ignorer oublier le sel de la terre
Laisser aller ne pas faire diversion
Laisser faire le tempo indolent
Glisser en sourdine dans l'onde
Gouter le nirvana sans retenue
Pensée onctueuse larvée
En ton sein je vais me lover
Paisiblement m'abandonner nu
A la délicatesse féconde
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28 juin 2008
L'îlet de Mme Arside
Sur la droite, l’oeil était d’emblée attiré par l’harmonie de couleurs que madame Arside s’appliquait à maintenir grâce à la complémentarité de plantes et de fleurs choisies avec art et scrupuleusement entretenues. Le poinsettia n’avait rien à envier de l’exubérance humide des forêts tropicales, et rivalisait de hauteur avec le frangipanier aux tâches blanches. Bougainvilliers, azalées et rosiers tempéraient le rouge claquant du poinsettia et des hibiscus, offrant à l’oeil une note intermédiaire s’accordant parfaitement avec les bleus, jaunes légers, et verts aux différentes nuances disposés dans le parterre de fleurs qui accueillait le visiteur. Dans un coin, l’amas de bananiers bien fournis dont les feuilles se promenaient délicatement sous l’effet d’une légère brise apaisait la toile de fond au centre de laquelle trônait le vert rude du manguier...

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12 juin 2008
Le passage
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30 avril 2008
Vertige
22:21 Publié dans Coin Fiction | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : vive la vie, écriture, nouvelles, nouvelles et textes brefs
01 novembre 2007
La grotte aux textes
Une chose le surprenait : la présence dans ce lieu d’une telle quantité de livres et autres documents, signes de temps révolus, et pourtant excellemment bien conservés. Et pourquoi là ? Ca n’avait jamais été un lieu très habité. Cette grotte lui faisait l’effet de quelque mystère d’une vie passée, qui ne pourrait que faire foisonner son imagination. Cette sensation était encore amplifiée par le fourmillement qu’il ressentait dans chacun de ses membres. Il ne savait plus si tout cela était dû au travail qu’il avait fourni dans la terre, à la sieste mouvementée qu’il s’était accordée, ou aux récits imaginaires qui commençaient à grouiller dans son esprit.
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