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18 février 2009

Un accès au soin égal pour tous ?

Aujourd’hui, le projet Hôpital, Patient, Santé, Territoire est présenté aux députés. Il fait partie d’un plan pour réduire la part de l’hospitalisation publique en France afin de diminuer l’engagement de l’Etat dans la prise en charge des besoins de santé.

Pour forcer les hôpitaux à se restructurer, c’est-à-dire à fermer de nombreux services de spécialité, l’Etat utilise des pressions financières et met en place une réforme profonde du fonctionnement de l’hôpital.

Dans un premier temps, l’Etat commence par supprimer le budget global et demande aux hôpitaux de régler la note. Instantanément, 90% des hôpitaux se retrouvent en déficit. Soulignons que le montant de la totalité du déficit de tous les hôpitaux français en 2007 était équivalent à celui de l’argent versé par l’Etat à Bernard Tapie, au terme de la procédure d’arbitrage concernant le Crédit Lyonnais (350 millions d’euros).

Dans un deuxième temps, à partir de 2008, l’Etat applique à 100% le nouveau mode de financement, la tarification à l’activité, alors que dans les autres pays d’Europe, la part de la tarification à l’activité ne dépasse jamais 50% du budget hospitalier. Le passage à la tarification à l’activité entraînera une baisse de 30% des recettes des hôpitaux. Le déficit des hôpitaux va s’accroître.

Puis, l’Etat impose aux hôpitaux d être tous à l’équilibre budgétaire d’ici 2012. Les hôpitaux n’auront comme solution que de diminuer les dépenses de personnel qui représentent 70% de leur budget. Pour arriver à l’objectif fixé par l’Etat, il faudra supprimer 20 000 emplois dans les hôpitaux français. Cette suppression d’emplois entraînera la fermeture de nombreux services puisqu’il faut des soignants pour soigner.

Le projet HPST arrive à point nommé avec la restructuration en communauté hospitalière et en groupement sanitaire pour faire croire aux Français que l’offre de soins sera équivalente. Avec les communautés hospitalières de territoire, (plusieurs hôpitaux de différentes villes) le patient n’aura pas forcément accès à toutes les spécialités dans l’hôpital de sa ville. Il devra faire des Km pour aller les chercher dans d’autres villes.

Avec les groupements sanitaires, (regroupant hôpitaux, cliniques et médecins libéraux) certaines spécialités n’existeront plus qu’en privé. Le patient ne sera plus sûr de pouvoir accéder à des consultations et des interventions sans dépassements d’honoraires pour toutes les spécialités. Il ne sera plus assuré de ne pas faire l’avance des frais.

Avec la mise en place du directoire à la tête de chaque hôpital et la transformation du Conseil d’administration en conseil de surveillance, tous les pouvoirs sont confiés au directeur. Face au pouvoir gestionnaire, il n’y a plus aucun contre pouvoir : - ni médical : Or les médecins hospitaliers ont eu, jusqu’à présent, pour principe fondamental d’assurer la qualité des soins pour tous les patients, sans discrimination, et donc sans trier les patients selon qu’ils rapportent de l’argent à l’hôpital ou non. -ni des Elus : Or, les élus locaux sont très attachés à garantir l’égal accès à des soins de qualité pour la population locale. Ce projet de loi fait sauter deux verrous de protection de la santé des citoyens français.

En réalité, la fermeture de nombreux services de spécialité à l’hôpital aboutira à une importante diminution des lits d’hospitalisation et des consultations de spécialistes. Comme en Angleterre, les Français devront attendre des mois pour se faire soigner. Comme aux Etats-Unis, certains renonceront à se soigner, faute de moyens financiers, laissant leur pathologie s’aggraver et entraîner des complications qui seront beaucoup plus coûteuses, à terme, non seulement en soins, mais aussi en incapacités de travail, transitoires ou définitives.

Dans son discours du 17 avril 2008 à Neufchâteau, le Président de la République explicite très bien l’hôpital qu’il prépare pour les Français : « J’appelle l’hôpital à faire ce double mouvement : recentrage sur […] la phase aigue de la maladie (c.a.d les urgences ndlr) et reconversion vers la prise en charge du grand âge et de la dépendance. »

Ce projet s’oppose à l’un des principes fondateurs de la Sécurité Sociale : l’égal accès aux soins pour tous. Ce que l’Etat Français a fait au sortir de la deuxième guerre mondiale, alors que ses finances étaient exsangues, il devrait y renoncer en 2009, au nom de la prétendue valeur "rentabilité" ?

Une guerre idéologique oppose les quantificateurs, avec leur prétention croissante à régenter l’existence humaine dans tous ses aspects, et ceux qui ne plient pas devant la dictature des nombres. "Le fanatisme du chiffre, ce n’est pas la science, c’en est la grimace.(Jacques Alain Miller)"

 

Note de Béatrice Villamot publié dans Pratiques

11 juillet 2008

Chine ?

En raison de l'évolution du style de vie et d'alimentation, plus d'un cinquième de la population adulte en Chine est devenue obèse ou est en surpoids, indique une étude parue mardi 8 juillet dans le journal Health Affairs. Le taux de prévalence de l'obésité pourrait doubler dès 2028 si rien n'est fait pour s'attaquer à ce problème de santé publique. Le rythme de progression - 1,2 % des hommes devenus obèses chaque année depuis dix ans - est plus rapide que dans n'importe quel pays en développement, sauf au Mexique, et plus rapide que dans les pays occidentaux.
 

21 juin 2008

Sauver l'hôpital public

L’hôpital public a subi plusieurs attaques : pénurie de personnel médical conséquence d’un numerus clausus trop restrictif poursuivi pendant deux décennies, manque d’infirmières aggravé par les conditions d’application de la loi des 35 heures aux hôpitaux, sous financement délibéré par la tarification dite à l’activité sous évaluant lourdement les activités de l’hôpital public, limitation abusive de l’enveloppe budgétaire nationale. Résultat : 29 des 31 Centres Hospitalo-Universitaires (CHU) ont un compte d’exploitation négatif, le déficit programmé des hôpitaux dépasse, comme prévu, les 350 millions d’euros. Le retour à l’équilibre nécessiterait d’après la Fédération Hospitalière de France la suppression de 20 000 emplois. Pendant ce temps, la Générale de Santé, qui possède 180 cliniques privées, a versé 420 millions d’euros à ses actionnaires. Le secteur des cliniques privées à but lucratif se développe et se restructure sous l’emprise des fonds d’investissements internationaux, exigeant des taux de rentabilité financière entre 15 et 20 %.

Certes, les hôpitaux doivent améliorer leur organisation et leur efficience, mais les réformes en cours et une partie des mesures préconisées par le rapport du sénateur Larcher, vont entraîner une privatisation progressive de l’hôpital public. Bientôt, les médecins et chirurgiens et même les directeurs d’hôpitaux pourront être embauchés sous contrats privés avec intéressement aux bénéfices selon une logique contraire à l’éthique du service public. La prochaine étape sera le changement de statut des hôpitaux pour permettre plus facilement des licenciements, considérés comme une variable de régulation financière. Telle est la logique de « l’hôpital entreprise » et de la marchandisation de la santé. Parallèlement, cette course à la rentabilité entraînera la suppression d’activités médicales jugées peu ou pas rentables, le développement des cliniques privées à but lucratif et la généralisation des dépassements d’honoraires.

Du paiement à l’activité de l’hôpital au paiement à l’acte des chirurgiens et des médecins, du paiement à l’acte aux dépassements d’honoraires, des dépassements d’honoraires à l’entrée des assurances dans le système de soins, voilà l’enchaînement dans lequel nous sommes rentrés. Le système de santé français, basé sur la solidarité, permettant à chacun d’être soigné pour l’essentiel selon ses besoins et pas selon ses moyens, va laisser place à un système mixte où la part de la solidarité sera réduite tandis qu’augmentera la part des financements personnels assurés par la souscription à des assurances privées. Chacun sera alors soigné en fonction de ses moyens. Ce sera la santé, non pas à deux vitesses, mais à dix vitesses ! La carte Bleue remplacera la carte Vitale !

APPEL "Sauver l'hôpital public" 

13 octobre 2007

Abeilles, fruits, légumes

Les abeilles sont menacées d'extinction. Et avec elles, une fraction importante des variétés de fruits et de légumes, du moins en quantités suffisantes pour garantir la diversité des espèces et de l'équilibre alimentaire de l'humanité. Les causes ? Les pesticides, l'élimination de leurs sites de nidification, la raréfaction des plantes qui leur fournissent nectar et pollen, les maladies et parasites... Ces différents faits ont été confirmés par plusieurs études scientifques (voir l'article du Monde du 13/10/07 : "Un monde sans fruits et légumes"). Bernard Vaissière, spécialiste de la pollinisation à l'INRA : "Si on se contente de faucher les talus une fois par an, si on préserve un peu mieux les prairies naturelles, si on optimise l'utilisation des jachères fleuries, les abeilles se porteront déjà mieux. De même si l'on prend des mesures plus efficaces d'un continent à un autre contre les espèces invasives, tel le frelon asiatique. Mais, avant tout, il faut réduire l'usage des pesticides. Les agriculteurs comme les jardiniers doivent prendre conscience que les abeilles sont totalement démunies vis-à-vis de ces produits toxiques. Et qu'elles sont de précieuses auxiliaires de leurs cultures, à protéger en priorité."...
 

16 septembre 2007

Attente

 

d06f3a74ccb4a81c05b83c4680516568.jpgEn attendant le tour, en étant même pas certains qu'il ne va falloir revenir demain.

 

Hôpital Prince Louis, Bujumbura. 

30 janvier 2007

Pensée et action

Dernière aberration des temps modernes : casser les initiatives.

24 janvier 2007

Observance et firmes

Jusqu'où pourra-t-on aller ? Il y a de quoi rester perplexe. Le gouvernement aura le droit désormais (passage du texte de loi à l'assemblée le 11 janvier dernier) de faire passer par ordonnances des décisions "d''ordre technique" dans le domaine du médicament. Quand on sait que par exemple, on compte s'en servir pour autoriser les firmes pharmaceutiques à aller aux domiciles des "patients" pour vérifier qu'ils prennent bien leurs médicaments, on croit rêver ! Démarchage et publicité des médicaments à domicile, on n'en est pas loin, et même au delà, puisqu'avec la bénédiction de la prescritption médicale...

08 septembre 2006

Profil-type

Ces derniers temps on reparle beaucoup de nouveau du Chikungunya à la Réunion. Rentrée oblige, aidée par les visites ministérielles de rigueur en préparation de la recrudescence annoncée avec l'arrivée de l'été tropical et des pluies. Même si on pense que l'épidémie sera de moins grande ampleur, tout porte à croire que ça va reprendre : les larves de moustique sont là, pas moyen de l'éradiquer, tout au plus contenir, au moins 60% de la population reste à contaminer par le virus transmis par le moustique, et n'est pas immunisée.
La visite du ministre de l'outremer a été précédée de la diffusion des résultats d'une étude sociologique, dont les résultats, comme on l'avait deviné, ont été résumés par les médias de façon bien réductrices, quelquechose du genre : "le profil type des réunionnais infectés par le chikungunya a entre 45 et 59 ans, habite en maison individuelle avec jardin, dans des conditions socio économiques difficiles et a des croyances erronées sur l'origine de la maladie". Cette façon de faire est à dénoncer : la recherche tente d'expliquer, de rechercher des facteurs favorisants et déclenchants, qui permettent d'orienter l'action, pas de stigmatiser un profil type qui sera infecté ! Tout le monde peut l'être, avec des facteurs favorisants, sur lesquels on pourra tenter d'agir si on les connait.

08 août 2006

Médecine Humanitaire

On parle beaucoup de Cuba en ce moment, pour les raisons que vous connaissez, il n'y a qu'à parcourir n'importe quel quotidien ou hebdomadaire. Et pourtant, il y a des faits qui sont si peu connus et dont on ne parle presque pas. Cuba pourrait bien être le modèle même d'une "Internationale... de la santé" *? 25 000 professionnels de la santé répartis dans 68 nations en mars 2006, plus que ce que déploie l'OMS et 12 fois plus que Médecins sans frontières. Ca fait rêver. Quand, de surcroit, on apprend qu'en août 2005, après le passage de Katrina aux Etats Unis, l'aide de Cuba aux Etats Unis a été refusée (envoi de 1600 médecins formés, avec équipement nécessaire et 36 tonnes de médicaments), et 1800 personnes décéderont en Louisianne, faute de soins.... Sait-on également que Cuba est intervenu en Afrique et en Amérique Latine, pour les plus démunis, là où les plus pauvres ne peuvent se payer la médecine, depuis 1963, plus de 100 000 médecins et professionnels de la santé dans 97 pays, l'un des derniers en date étant le Pakistan, après la catastrophe d'octobre 2005. Cuba est également en haut de l'échelle des compétences en terme de prévention VIH/SIDA, et permet de former dans ses facultés des médecins qui ne peuvent avoir accès autrement à la formation médicale dans les pays riches dits "développés". Dites, on marche sur la tête ? La propagande est elle seulement de ce côté ? On peut dire tout ce que l'on veut sur Cuba et Castro (et il y en a certainement à dire, mais alors parlons aussi d'autres et de leurs dirigeants ?), mais quand même, ça fait réfléchir. Dire que les victimes de la folie guerrière au Moyen Orient n'auront même pas accés à l'aide humanitaire de Cuba.
*Source : Hernando Calvo Ospina, Le Monde Diplomatique, août 2006.

21 mai 2006

Les maladies du monde moderne

Nos actualités sont bien remplies par ces "nouvelles" maladies épizootiques et épidémiques, qui effraient tant les populations. Il y a longtemps que les grandes épidémies pensaient être enrayées, contenues, mises en retrait par la médecine et la science moderne. Pourtant, les années récemment écoulées et notre actualité nous montrent qu'il n'en est rien : le sida depuis les années 80, qui reste un fléau en Afrique, le paludisme, maladie infectieuse touchant le plus de personnes dans le monde, et encore une fois l'Afrique, et les maladies virales qui menacent maintenant, grippe aviaire notamment.

Toutefois, nos maladies modernes ne se limitent pas loin de là à ces maladies infectieuses épidémiques ou endémiques, dont la caractéristique de se révéler sur un mode aigu fait en sorte qu'on en parle, et surtout qu'elles restent palpables, identifiables, du ressort de la médecine thérapeutique et symptomatique. Bien plus sournoises sont les maladies chroniques non infectieuses, liées à l'évolution de notre mode de vie : obésité, diabète, qui exposent à de nombreuses complications, sont la première cause de morbidité et de mortalité dans nos contrées et sont en voie de le devenir dans les autres. La société et la médecine sont bien mal adaptées à ces affections qui sont silencieuses pendant de nombreuses années. Leurs complications peuvent être complétement évitées, la science l'a démontré, et pourtant, cette prévention n'arrive pas à être mise en place. La santé publique est dépassée, les médecins s'occupent avant tout de l'aigu, la société ne se remet pas en question, l'individu rejette sur l'extérieur... A quand la mobilisation adéquate ? Les médias nous assénent de grippe aviaire et de chikungunya, à quand la réflexion sur notre mode de vie et notre société moderne, sources d'obésité et de maladies métaboliques chez les plus défavorisés ?

11:55 Publié dans Coin Santé | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Santé