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01 novembre 2007

La grotte aux textes

Du haut de sa case, Judex  humait l’odeur des textes humidifiés par la fraîcheur de la grotte. Dans sa solitude, il se laissait déjà accompagner par les personnages qu’il allait faire sortir des livres. Traces de l’histoire du village situé en contrebas... Idées, espaces, êtres inédits, séduisants, déconcertants ou redoutables... Peut-être retrouverait-il des traces de la famille qu’il n’avait jamais connue... Peut-être trouverait-il enfin l’odeur, l’âge et le visage d’un père et d’une mère dont il ne connaissait pas même le prénom... Peut-être se retrouverait-il lui-même dans cette grotte, à l’abri des regards curieux des autres, à l’abri du soleil, dans l’ombre du tamarinier qui ne cesserait de lui offrir son feuillage en guise de couverture...
Une chose le surprenait : la présence dans ce lieu d’une telle quantité de livres et autres documents, signes de temps révolus, et pourtant excellemment bien conservés. Et pourquoi là ? Ca n’avait jamais été un lieu très habité. Cette grotte lui faisait l’effet de quelque mystère d’une vie passée, qui ne pourrait que faire foisonner son imagination. Cette sensation était encore amplifiée par le fourmillement qu’il ressentait dans chacun de ses membres. Il ne savait plus si tout cela était dû au travail qu’il avait fourni dans la terre, à la sieste mouvementée qu’il s’était accordée, ou aux récits imaginaires qui commençaient à grouiller dans son esprit.
Bien que la chaleur se soit intensifiée, il reprit le chemin de la grotte...
 
 

09 octobre 2007

La mangue juteuse

Judex se secoua, reprit sa pioche, travailla encore une petite heure pour terminer la préparation du carré, puis rassembla ses outils.
L’habitation était comme suspendue sur le promontoire et de loin, on l’aurait confondue avec un amoncellement de matériaux en tous genres, dont la caractéristique commune était la couleur claire. Tôles, bardeaux, résidus de parpaings, poteaux en bois, enchevêtrements de feuilles de chocas desséchées, le tout donnait au lieu une allure à la fois confuse et rangée, organisée malgré l’absence de moyens.
Les deux chiens, tout frétillants, se mirent à japper et se frottèrent au bas de ses jambes encore ruisselantes et rouges de glèbe. L'appentis dans lequel Judex pénétra était situé sur la façade sud, abrité des rafales des alizés par un rideau de bambous. Puisant avec une écuelle dans un large tonneau, il s’aspergea avec parcimonie le corps de liquide rafraîchissant, puis renfila sa culotte et sa chemise et se dirigea vers la pièce principale qui lui servait de cuisine, de salle à manger, et de chambre. Il se restaura frugalement grâce à quelques épis de maïs qu‘il grignota avec plaisir avant de déguster la mangue juteuse qu’il avait ramenée du carré.
 
 
 
épisodes précédents : Le coin Fiction
reprendre depuis le début : voir Amilcar 

08 septembre 2007

Eveil

Il tomba au milieu de la foule et se réveilla. En sueur. L’odeur de paille flottait dans l’atmosphère lourde du midi. Des bribes de son cauchemar repassait devant ses yeux, lui donnant la chair de poule. Il avait rêvé, mais il se rendait compte maintenant que celui dans lequel il s’était incarné n’était pas lui-même, mais Amilcar. Amilcar dans cette ville inhumaine et menaçante. Amilcar menacé. Son rêve lui avait montré son ami en fâcheuse posture. Pourtant, quand Judex pensait habituellement à lui dans la journée, il ne s’imaginait que des circonstances agréables dans la nouvelle vie que s’était trouvé Amilcar.
Pour la première fois, Judex se rendait compte qu’il avait un peu peur de ce qui pouvait advenir à son compagnon. Et il se dit également qu’il en était probablement ainsi pour Rose-Améline, sans qu’elle ne l’avoue ni ne l’exprime. Oui, il s’était caché jusqu’à présent la possibilité que tout n’était peut-être pas rose dans ce monde qu’avait voulu rejoindre Amilcar. Dans les livres non plus, tout n’était pas toujours au beau fixe. Et les livres dataient d’avant... Peut-être Amilcar le rêveur s’était-il trop fié à eux...
 
 
épisodes précédents : Le coin Fiction
reprendre depuis le début : voir Amilcar

04 septembre 2007

Burundi

Une photo et un texte magnifique que je vous laisse découvrir. 

Au Burundi, certains enfants...

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 Merci Maryvette.

23 août 2007

Un petit whisky

Ce soir un petit whisky je me sens l'âme chagrine bizarre un coin dans le vague un autre coin à me dire que je devrais faire quelque chose quoi ? il y a tant de choses à faire mon âme divague est à gué du temps qui passe et qui repasse en boucle un petit whisky qui me titille ça me tintinabulle dans le gosier quelle heure est il déjà seulement je fais du surplace les pensées s'entrechoquent mollement contre la vitrine de mon espace temps le whisky me réchauffe la mer vague se retire à l'âme flux et reflux marée lente vide après le trop plein scotch réparateur attention à la tête tant pis pour la tête ce soir je me sens le coeur chagrin l'âme en vagues paresseuses qui caressent mon ego celui qui se cherche un coin cocon d'où rééclore peu importe quand ni où à tout là l'heure demain plus tard.

Souvenir écrt d'un soir où il fait bon divaguer 

22 août 2007

Cauchemar

Sur la place grouillante. Il était ballotté de tous les côtés. Le soleil irradiant une chaleur étouffante se mêlait à la chape des nuages lourds charriés par le vent. Une femme en haillon l’accrochait par la manche, un enfant presque nu courait derrière lui, ânonnant des paroles par onomatopées en espérant recevoir quelque trésor pour survivre. Les hommes tantôt pressaient le pas, n’ayant que faire d’une rue étrangère à eux et contrastant avec leur mise impeccable et intouchable de blancheur, tantôt courbaient le dos sous le poids de l’existence, regardant le bout de leurs pieds pour ne pas avoir à supporter d’autres regards. D’autres hommes, en uniforme ceux-là, étaient plantés aux quatre coins, ils semblaient enracinés, on ne voyait pas leur regard, si toutefois ils en avaient un, ils faisaient baigner les odeurs de l’espace dans des relents menaçants d’inhumanité, ils ne bougeaient pas, mais leur immobilité se tordait, se lovait dans des grimaces immondes et redoutables, donnant aux couleurs de reflets tragiques et horrifiants, le jaune se mêlant à l’ocre, et le vert au rouge, les couleurs montaient, s’enroulaient, s’associaient en spirales recouvrant la place et la foule. Il sentait en lui un grand vide se propager, en même temps que son corps transperçait par tous les pores de sa peau un liquide chaud, qui égouttait comme une substance purulente qu’il fallait évacuer. Il fallait qu’il fuit, qu’il prenne les jambes à son cou...
 
 
épisodes précédents : Le coin Fiction
reprendre depuis le début : voir Amilcar

05 juillet 2007

Le carreau patates

... Il la regardait s’éloigner maintenant avec surprise. Toute la matinée, Judex et Rose-Améline avaient travaillé à l’arrachage des racines dans le carré jouxtant la bananeraie, ne s’arrêtant que pour se désaltérer, ne s’échangeant que de rares paroles. Leurs yeux s’étaient pourtant croisés fréquemment, en disant plus long que d’éventuels discours. Il était tout à coup surpris de la trouver là, alors que la matinée avait avancé en sa compagnie. Il réalisait le chemin parcouru depuis la veille, sans que rien n’ait été dicté d’une manière ou d’une autre...
Ca s’était passé naturellement, elle l’avait suivi après le départ d’Amilcar, et elle était venue partager sa couche là-haut, sous les étoiles, à l’abri des bambous... Une longue partie de la nuit avait été dépensée en discussions sur le présent, le passé, l’avenir, les hommes, l’homme, la vie, leurs vies, leur vie. Et ils avaient mêlé leurs bouches puis leurs corps, comme si cela avait été inscrit depuis la nuit des temps, se rendant compte sans difficulté qu’ils étaient faits l’un pour l’autre. Le sommeil qu’ils s’étaient permis avait été très court, ce qui ne les avaient pas empêché d’unir leurs efforts dès le matin pour en finir avec le carré où devaient être plantées les patates.
Elle avait maintenant disparu derrière le rideau des acacias qui bordait le chemin du bas, et il reprit le labeur interrompu, espérant bien arriver à déterrer la souche sur laquelle il s’acharnait depuis plus d’un quart d’heure. Il ne pensait plus. Son attention était toute entière fixée sur le sol et la pioche qui commençait à lui meurtrir la paume de la main droite. Entre deux coups, la vision de Rose-Améline se surimposait  et lui arrachait un sourire sur son visage qui pourtant grimaçait la seconde d’avant.
Le nettoyage du champ était maintenant bien avancé. Il ne restait que quelques mètres carré encore encombrés par les restes de défrichage, avant de se retrouver devant les manguiers. Tout en faisant craquer la racine qui commençait à céder sous les coups répétés, il se rendait compte que son esprit restait vide, incapable de formuler la moindre pensée soutenue, la moindre réflexion construite. Il le laissait errer dans des nimbes immatérielles, lui faisant entrevoir ce que pouvait être le bonheur absolu. Il voguait dans un nirvana fait de lumière douce, de sons feutrés, et de sensations chatoyantes, puis, l’instant d’après, sursautait au choc sourd de l’outil heurtant un galet, surpris de la violence qui pourtant était le fruit de sa propre action...
 

20 juin 2007

Sur le chemin..

Ses méditations le ramenaient maintenant au-delà de sa propre existence, à la folie de l’humanité qui n’avait jamais compris qu’elle était une partie intégrée à la nature et issue d’elle, et non une conquérante devant livrer un combat avec elle pour survivre. Il pensait à Amilcar qui démontrait de nouveau le fond de l’homme, jamais contenté par la simplicité, recherchant toujours plus. Lavergne espérait seulement que le jeune homme reviendrait sur des conceptions plus saines de l’existence, après l’exploration de toutes les tentations auxquelles il avait cédé. Il se remémorait les conditions dans lesquelles il avait connu l’africain et sa soeur, dans quel état ils avaient erré. Lavergne sentit s’immiscer en lui le mordillement habituel de l’évocation du passé tellement imbriqué à celui de ces deux là.

Les années avaient passé, reléguant le souvenir de la souffrance à la marge de la réalité de la vie, et masquant petit à petit le bonheur d’une existence paisible derrière des rêves chimériques occasionnés par des images issues d’un autre monde, qui d’ailleurs n’existait probablement plus tel quel.

... suite ...

...épisode précédent

 

... début du récit... 

 

27 mai 2007

Le Temps Qu'il Fait

Encore une maison d'édition indépendante menacée ! Comment faire face au monde de concentration sur les grosses maisons commerciales, comment éviter à ceux qui continuent à faire valoir uen autre vision, d'autres écritures, d'autres regards ? Il faut aider les Editions du Temps Qu'il Fait, allez fouiner chez votre petit libraire, commandez, lisez, offrez, ne laissez pas faire la soi-disant loi du marché (Commandes possibles également sur lekti-ecriture).
 
Ci dessous l'appel des éditeurs, relayé par la revue Le Matricule Des Anges :
 
Depuis quelques mois, il ne se passe pas une semaine sans que nous apprenions la disparition d’une revue de création littéraire ou celle d’un éditeur. Les systèmes de diffusion et de distribution, la concentration aux mains des mêmes industries de la chaîne du livre, l’incurie des médias concernant la création condamnent beaucoup à cesser leur production. S’il ne s’agit pas de faire le procès des uns ou des autres, il est devenu nécessaire, nous semble-t-il, d’opposer un refus à cet état de fait. Aujourd’hui, nous vous faisons donc parvenir un appel lancé par les éditions Le Temps qu’il fait dont nous avons souvent souligné l’excellence. Pourquoi faire suivre cet appel et non ceux lancés précédemment par d’autres éditeurs ? Parce que Le Temps qu’il fait est aussi un symbole : celui de l’indépendance, celui du soin apporté à la qualité des livres, de leur impression, de leur réalisation.

Soyons clairs : il ne s’agit pas tant de venir en aide au Temps qu’il fait en achetant leurs ouvrages que dire, par nos actes, combien nous répugne aujourd’hui la disparition de tout un pan de l’édition de création.
Alors, levons-nous plus tôt que tôt, faisons joyeusement nos heures supplémentaires pour gagner plus d’argent. Et offrons ces livres qui peu ou prou ont changé nos vies, nous ont aidé à y trouver du sens.

Bonnes lectures


 

LE TEMPS QU’IL FAIT : APPEL

Quelques années après l'incendie de l'entrepôt de notre distributeur Les Belles Lettres qui nous avait valu un formidable élan de solidarité, Le temps qu'il fait est à nouveau en grande difficulté.

Nous traversons en effet une tempête sans précédent, dont nous craignons fort qu'elle nous soit fatale : après notre changement de distributeur à l'automne, nous avons été contraints l'hiver dernier de renoncer aux activités de l'imprimerie et, comble de malchance, nous enregistrons chez notre nouveau distributeur CDE/SODIS un taux de retour record, auquel notre petite économie ne saurait survivre bien longtemps.

Après bien des hésitations liées à notre désir de réserve et surtout à notre volonté farouche de tout tenter pour trouver les solutions dans notre travail d'abord, nous nous décidons à vous informer de ces difficultés et à venir une nouvelle fois vous demander votre soutien.

Bien sûr, la meilleure aide que vous puissiez nous apporter consiste avant tout à acheter les livres du Temps qu'il fait, pour vous, vos parents, vos amis...

Nous joignons pour cela un catalogue complet en pdf, tirages de tête compris, dont vous pouvez voir les images sur notre site Internet.

En vous remerciant d'avance de votre amitié et de votre fidélité.

Georges Monti - Marie Claude Rossard

 

Éd. Le temps qu'il fait
31, rue de Segonzac
16121 COGNAC CEDEX


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18 mai 2007

Bfff !

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Monde des hommes, monde infâme, je ne peux plus longtemps continuer à te regarder en face, je m'en vais, je te tourne le dos et préfère t'ignorer, je ne comprends plus, je ne veux plus comprendre, tes faux semblants, tes silences et négligences recherchées, tes dérobades après les clins d'oeil et grandes accolades, pouvoir contre intelligence, finances contre valeurs, oeillères contre holisme, je prèfère retourner dans ma jungle féroce, brouter le haut des arbres, les feuilles charnues et savoureuses, parler aux oiseaux et phacochères, courir avec zèbres et gnous, antilopes et springboks, m'abreuver avec dame lionne et ses rejetons, deviser sur le monde fascinant des fourmis et des termitières, ici pas de paradis fiscal, pas de multinationale, pas de réseaux financiers internationaux, que la loi de la nature, enfin presque, mais pour combien de temps ?
 
 
 
 

16 mai 2007

L'île

Son pas était régulier et posé, accompagnant le rythme des réflexions. Il avait décidé de remonter par le chemin de la Ravine à malheur, celle que les habitants alentour avait longtemps évitée du fait des légendes mystérieuses reproduites et embellies au fil des générations. Le bord du chemin était tapissé de goyaviers touffus et étouffant les autres espèces végétales. A cette époque ils ne portaient aucun fruit, n’offrant au marcheur que le spectacle de leurs feuilles lisses, fondant les parois du chemin en une couleur verte uniforme, où le regard cherchait désespérément d’autres teintes auxquelles s’accrocher. Lavergne échafaudait les plans de son projet, sur lequel il passait le plus clair de son temps et de ses nuits depuis maintenant plusieurs mois. Les moindres détails devaient être passés en revue, car il n’était pas question que survint un quelconque incident.
Au détour de la Pointe Cabri, son regard resta accroché sur le découpage des reliefs. Le panorama s’étendait de la mer jusqu’aux hauteurs du nord-ouest en toile de fond, exposant au premier plan la lente descente vers les plaines de l’ouest, tailladée par les échancrures profondes creusées au fil des siècles par les écoulements torrentiels impétueux et imprévisibles de l’été tropical. Il ne s’était jamais lassé de la vue exhibée en ce lieu. L’étendue liquide à gauche prenait selon les moments les teintes les plus diverses, ajoutant toujours au tableau une note originale tendant à persuader le spectateur qu’il était que jamais il n’avait encore pu bénéficier de l’oeuvre qu’il s’offrirait en parcourant de nouveau ce sentier.
Il contemplait la mer qui isolait l’île de toutes parts, cet océan qui n’offrait que peu de ressources aux hommes de l’île, qui était susceptible des plus grands courroux, comme en témoignaient les espaces désormais immergés des bas, agrandissant l’ancienne baie qu’il avait connu de nombreuses années auparavant. Tout juste pouvait-on deviner maintenant quelques anciennes routes émergeant de l’écume pour s’attaquer aux pentes menant vers les hauteurs autrefois surpeuplées mais nues. Nues car pelées de toute végétation, incapable de se développer sur cette terre appauvrie par des années d’exploitation humaine irréfléchie et avide. Quelques îlots arbustifs de feuillus, de rares agglomérats d’arbres esquissaient une reconquête de la terre,  qui allait demander un temps bien supérieur à celui qu’il avait fallu à l’homme pour écorcher vif ce rocher volcanique perdu.
 
 
 

26 avril 2007

Jardin secret

Les nuages de la fin de matinée commençaient à recouvrir les cimes, et le vieux se dirigea, muni du rouleau de gros câble électrique vers les habitations de Bois-Rouge en contrebas. Il abandonna le rouleau dans un fossé au dessus de la case de Rose-Améline, et entra. Dehors traînaient encore quelques restes de la veille. L’intérieur exhalait le malaise, l’abandon, malgré la propreté, le calme, la paix qui se dégageait de la pièce petite et claire au milieu de laquelle une table en bois blanc semblait chuchoter au visiteur impromptu des paroles de bienvenue et d’accueil. La jeune femme avait dû s’éloigner pour chercher de l’eau à la source ou pour aller se procurer quelques légumes pour le repas de midi. Le silence remplissait l’atmosphère, parfois interrompu par des aboiements issus des autres cases, ou par un souffle léger s’engouffrant entre les feuilles des quelques arbres entourant la case. Lavergne se laissait gagner par cette paix, lui qui pourtant baignait déjà habituellement dans la solitude. Il alla se servir dans le baquet de réserve d’eau de quoi étancher sa soif après les heures de travail fournies dans la matinée. Au fond de la pièce, il entrevoyait  le réduit qui avait été le domaine privé de celui qu’il aimait appeler le rêveur, en opposition à sa soeur, dont le tempérament ne supportait au contraire que le terre à terre. Il savait que ce tempérament n’était qu’une apparence et que Rose-Améline gardait quelque part dans le fond de son coeur un jardin secret fait d’imaginaire et d’idéal. La partie de la pièce qu’il apercevait par la porte restée entrouverte dégageait une sensation de froid intense, alors même que la température extérieure commençait à devenir étouffante. Il parcourut les quelques mètres qui le séparaient de l’alcôve et ferma la porte, puis s’installa dans l’espèce de canapé confectionné avec les moyens du bord qui trônait sur le mur est de la salle principale, regardant vers l’immensité ouverte au delà de la seule ouverture lumineuse percée dans la tôle...
 
 
 
reprendre depuis le début : voir Le coin Fiction, ou Amilcar 

14 avril 2007

Lavergne

Philippe Lavergne savait bien qu’Amilcar irait jusqu’au bout de sa décision, même si ce n’était pas si simple de casser les uniques liens humains qu’il avait réussi à trouver jusqu’à présent. Le jeune homme allait devoir se débrouiller dans la faune et la concentration citadine. Lavergne n’avait pas réussi à extirper Amilcar de sa naïveté vis à vis du monde tel qu’il était devenu et qu’il ne connaissait plus qu’au travers de ses souvenirs, des écrits qu’il interprétait à sa façon, et des récits des rares qui en revenaient ou en venaient. Mais s’opposer à cette décision était inutile, et Amilcar devait de lui-même faire son propre chemin, c’est du moins ce qu’avait pensé Lavergne, qui maintenant s’affairait à la mise en place du dernier panneau, dont le branchement permettrait aux cases de la communauté d’être éclairées le soir.
Se procurer, avec l’aide de Judex et des autres habitants restés au village, ces panneaux solaires et les accumulateurs n’avait pas été facile. Il avait fallu sillonner pendant des jours les campagnes et les espaces presque déserts, à la recherche des anciennes maisons cossues dotées de ce type de matériel, qu’il fallait encore tester et ramener jusqu’au village. Tout en finissant les travaux sur les panneaux et les branchements, il se disait maintenant que ça avait été là aussi probablement une erreur de vouloir ramener un peu de confort aux habitants du village, qui, dans le dénuement nouveau de ces dernières années, avaient malgré tout retrouvé une joie de vivre et un bonheur simple oubliés depuis longtemps. Oui, le départ d’Amilcar constituait le premier incident depuis le début de cette nouvelle vie isolée du monde. Après tout, Lavergne ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même si maintenant Amilcar partait. Lavergne se demandait s’il avait bien fait de soutenir Amilcar dans le projet de réaménager cette grotte et de la remplir des ouvrages qu’il avait pu lui-même préserver. Maintenant qu’ Amilcar partait, il lui fallait s’occuper de la grotte, en protéger mieux l’accès, de façon à éviter qu’elle ne devienne une tentation pour d’autres...

Suite ...

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29 mars 2007

Amour à Gogo

De l'amour, de quoi réparer une maman en mille morceaux, avec l'aide d'un grand père et de son jardin merveilleux. Un texte de Maryvette Balcou et des photos prises à la Réunion par Chrytelle Aguilar, à croquer. Bravo à cet ouvrage jeunesse de Où Sont Les Enfants pour Amour à Gogo.

Des commentaires dans la revue Citrouilles, sur Africultures, Ricochet-jeunes, crl-midi-pyrénées,...

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12 mars 2007

Les girafes vous manquent ?

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Nimbes éthérées
Par delà le regard

Esprits hagards
Paroles circinées

Pensée vénielle
Fragrance féline

Effluves sanguines
Epanchement de miel

Couleurs douces amères
Vibrations liminales de l'intime

Hésitation de l’infime
Exhortations du cœur

Souvenirs au goût amer
Bassesse de la rancoeur

Hauteur de l'âme
Fuite de l’infâme